RAPPORT D’UN GROUPE D’EXPERTS SUR L’ÉVOLUTION DU CLIMAT

Un scénario terrifiant pour notre planète

Mario Girard
La Presse

Les conclusions d’une importante étude internationale sur le réchauffement climatique offrent un véritable scénario apocalyptique.

Selon les auteurs, les changements s’opèrent plus rapidement que prévu et les résultats seront plus dramatiques que ceux annoncés.

Plus de 500 auteurs, secondés par des centaines de chercheurs, travaillent depuis des mois à la préparation d’un rapport d’évaluation pour les besoins du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Avant sa présentation prévue en février, le journal britannique The Observer a obtenu une ébauche.

Première constatation de ce document très attendu par les leaders écologistes du monde entier : les citoyens doivent se préparer à affronter une multitude de phénomènes climatologiques.

Ainsi, nous devrons faire face à un plus grand nombre de tempêtes dévastatrices et à des élévations de température beaucoup plus fréquentes. Les auteurs prévoient également que le niveau océanique devrait augmenter d’environ un demi-mètre d’ici à la fin du présent siècle, que la neige pourrait disparaître dans la plupart des régions sauf sur les plus hautes montagnes et que les zones désertiques continueront de s’étendre.

On fait également le point sur les changements de température. Pour l’instant, une hausse moyenne de 0,6 degrés Celsius est observée. Les chercheurs croient cependant que cette augmentation pourraient atteindre les 3 degrés d’ici à 2100. Les plus pessimistes parlent même de 4,5 à 5 degrés.

La fonte de la calotte glacière, l’augmentation du niveau océanique, la multiplication d’inondations, d’ouragans et de tempêtes seront les conséquences inévitables de ce changement. De leur côté, les océans vont devenir plus acides, ce qui engendra la perte de récifs de coraux et d’atolls.

Ce rapport a comme principale caractéristique de rassembler les points de vue de divers experts des changements climatiques dans le monde ayant des opinions très différentes quant aux scénarios à entrevoir. Alors que certains prédisent le pire, comme c’est le cas avec les exemples énumérés, d’autres se font plus rassurants.

«Je crois qu’il ne faut pas avoir peur d’être trop alarmiste, dit Daniel Breton, porte-parole de la Coalition Québec Vert Kyoto. C’est maintenant une réalité et il faut accepter de la regarder en face. En fait, j’ai très hâte que ce rapport soit rendu public dans son intégralité. Quand je regarde la façon dont l’Amérique du Nord gère les programmes reliés aux changements climatiques, je me dis qu’il lui faut une taloche. Et ce rapport sera à mon avis la taloche nécessaire.»

Daniel Breton est persuadé que ce rapport aura un grand impact. «Le GIEC a présenté une étude similaire en 2001 et elle a confirmé que l’homme était réellement responsable des changements climatiques. Celle-ci va prouver ce que d’autres rapports affirment depuis quelque temps : que ces changements progressent plus vite que prévu.»

Un impact socioéconomique

Au-delà des effets des changements climatiques sur l’écosystème, le rapport note que les impacts seront extrêmement importants d’un point de vue socioéconomique. Ces catastrophes forceront des millions de personnes à fuir leur habitat, particulièrement les régions tropicales situées à basse altitude. Ce phénomène engendra des vagues de mouvements migratoires qui bouleverseront plusieurs pays, même les plus riches.

«Nous en sommes là, dit Jean-Pierre Revéret, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. On réalise enfin que ce phénomène est multidimensionnel et qu’il aura un impact socioéconomique. C’est ce que laissait déjà entrevoir le rapport Stern l’automne dernier.»

Dirigé par l’ex-économiste de la Banque mondiale Nicholas Stern, le rapport Stern arrivait à la conclusion que pour contenir les émissions de gaz à effet de serre, les pays devaient réinvestir 1% de leur PNB par an. Une avalanche de commentaires flatteurs et de critiques avait accompagné la parution de cette étude.

Avec plus ou moins de succès, les changements climatiques font maintenant partie des préoccupations des grands gouvernements à l’échelle mondiale. Il est de plus en plus difficile pour eux de baisser les yeux sur les phénomènes ambiants et les mesures à adopter pour les contrôler.

«Nous connaissons bien sûr l’existence de ce rapport, dit Mike Van Soelen, porte-parole du ministre fédéral de l’Environnement, John Baird. Nous l’attendons. C’est sûr que nous allons en prendre connaissance avec beaucoup d’intérêt.»

Créé en 1988 à l’initiative de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le GIEC a pour mission d’évaluer les risques liés au changement climatique. L’une de ses principales activités consiste à procéder, à intervalles réguliers, à une évaluation de l’état des connaissances.

Jusqu’à maintenant, trois rapports d’évaluation majeurs ont été publié ainsi que plusieurs études.

Le temps presse

Daniel Breton et les pharisiens

Landmark UN study backs climate theory