Pour en finir avec le créationnisme

Nicolas Bérubé
La Presse
Le mardi 29 janvier 2008

Los Angeles

L'évolution des espèces n'est pas une simple hypothèse, mais bien une loi scientifique incontournable qui doit être enseignée comme telle à l'école publique, soutient un groupe de scientifiques américains.

Alarmés par la popularité des idées créationnistes, selon lesquelles Dieu a créé l'homme à son image il y a 6000 ans, les scientifiques sortent de leur mutisme et affirment haut et fort que les travaux de Darwin sont les seuls reconnus par la science.

Réunis sous l'égide de l'Académie nationale des sciences et de l'Institut de la médecine, ils publient ce mois-ci Science, évolution et créationnisme, un manuel scolaire destiné à répondre aux ténors du créationnisme.

Le moment semble bien choisi. Tout récemment, le candidat à l'investiture républicaine Mike Huckabee a défrayé la chronique après avoir rejeté l'évolution dans un débat télévisé. «Je crois que Dieu a créé l'homme, que nous ne sommes pas tels que nous sommes aujourd'hui par accident», a-t-il dit.

Un sondage mené l'an dernier montre que 40 % des Américains sont favorables aux idées avancées par les créationnistes. Un nombre équivalent y est défavorable.

 

Pas de doute

 

Pour Maureen O'Leary, porte-parole de l'Académie nationale des sciences, la réponse du candidat républicain n'est que la dernière manifestation des idées créationnistes, qui a notamment reçu l'imprimatur du président George W. Bush.

«Le public doute de l'importance de l'évolution, et c'est notre rôle de répondre à ces inquiétudes, dit-elle. Il est important de faire comprendre aux élèves que la science n'est pas en conflit avec la religion. On peut croire en Dieu et aussi croire en l'évolution des espèces. Beaucoup de leaders religieux, comme Jean-Paul II par exemple, l'ont affirmé au fil des ans.»

Disponible gratuitement sur l'internet, le livre de 70 pages cherche à faire comprendre aux élèves l'importance de l'évolution dans la pensée scientifique.

En introduction, on peut lire : «Comment la vie sur terre a-t-elle évolué ? La réponse à cette question peut nous aider à comprendre notre passé et à préparer notre avenir. Bien que l'évolution nous donne des réponses crédibles et fiables, plusieurs personnes tournent le dos à la science et choisissent d'autres explications avec lesquelles elles sont plus à l'aise.»

Les auteurs ajoutent aussi que «la pensée critique ne signifie pas que toutes les critiques sont également valides. La pensée critique doit se baser sur la raison. Une discussion sur les sujets controversés ne signifie pas qu'il faille donner un poids égal aux idées qui ne sont pas fondées sur la pensée rationnelle, sur les faits.»

 

Confirmation

 

Les auteurs citent notamment la découverte, en 2004, d'un poisson fossilisé présentant des caractéristiques «intermédiaires». Vieux de 375 millions d'années, ce fossile trouvé dans l'Arctique possédait quatre nageoires surdéveloppées qui lui permettaient de se mouvoir dans les zones sèches ou marécageuses. Ce spécimen a été identifié par les scientifiques comme étant le lien manquant permettant d'expliquer l'évolution de la vie aquatique à la vie sur la terre ferme.

Pour Mme O'Leary, cette découverte vient confirmer, une fois de plus, que Darwin avait raison. «L'évolution nous permet non seulement d'expliquer la biodiversité sur terre, elle nous aide à prédire les découvertes que nous sommes susceptibles de faire dans le futur. C'est un outil indispensable pour comprendre qui nous sommes aujourd'hui.»

 

Le livre Science, évolution et créationnisme (uniquement en anglais) peut être téléchargé gratuitement en format PDF au www.nap.edu/sec