Religions

Pascal - Bossuet - Montesquieu - Voltaire - Chateaubriand - Schopenhauer

Critique de l'islam

Comme toutes les religions, l'islam a été l'objet de critiques depuis sa formation. Les critiques sont d'ordre philosophique, scientifique, éthique, politique, théologique.

En général la critique de la religion peut avoir trois origines différentes : d'un point de vue séculier (ce qui ne se limite pas à l'athéisme), du point de vue d'une autre religion, ou du point de vue d'une autre doctrine, ou confession, de la même religion (Wafa SultanTaslima Nasreen). La critique peut se cantonner à des écrits ou des discours ou encore prendre la forme de protestation ou un ton humoristique. Les critiques sont souvent négatives mais peuvent aussi être positives. Dans un sens large chaque commentaire du Coran constitue une critique de l'islam dans la mesure où le texte révélé ne se suffit pas à lui-même.

Les réactions des musulmans aux critiques de l'islam sont également variées : écrits, discours, voire violences et répression (à l'instar de bien d'autres religions officielles). Ces réactions ont pu aussi venir de non-musulmans, et ce pour des raisons politiques, intellectuelles, personnelles ou autres.

Sommaire

Différentes perceptions de l'islam

Monde médiéval de culture musulmane

L'islam en tant que croyance religieuse partage bien des caractéristiques avec les autres religions et philosophies religieuses. Les croyances, mythologies, religions polythéistes et monothéistes ont toujours eu leurs détracteurs ou critiques et cela dès l'Antiquité.

Comme leurs homologues monothéistes, les critiques médiévaux musulmans ont longuement réfléchi et travaillé à réconcilier raison, découvertes et tradition islamique.

De nombreux penseurs, philosophes, mathématiciens, astronomes arabes ou persans ont exprimé de tout temps des critiques plus ou moins violentes à l'encontre de leur religion et de ses rites, par exemple (Liste non-exhaustive):

Monde médiéval de culture judéo-chrétienne

Les premières critiques contre l'islam sont le fait de païens arabes et de Juifs habitant le sud de l'Arabie, en particulier les tribus juives de Médine qui accusaientMahomet d'avoir mal cité leurs propres textes sacrés5. Les musulmans répondant que le Coran, en tant que révélation divine, corrige les textes juifs et chrétiens, et que toute différence entre les deux doit donc être comprise comme la preuve d'une altération des textes antérieurs[réf. nécessaire].

Les plus anciennes analyses connues à ce jour provenant de textes non islamiques se trouvent dans les écrits des religions monothéistes du Moyen Âge, tels ceux deJean Damascène, ou venant de chrétiens originaires de régions comme la Syrie qui tombèrent sous la coupe des premiers califes. La principale critique écrite vient de Jean Damascène La source de la connaissance contient trois chapitres, dont le second, Des Hérésies, aborde l'islam en tant qu'« hérésie des Ismaélites6 ». Le Coranet l'Hadith étaient suffisamment familiers à Jean Damascène pour qu'il les cite en arabe.

Du "Grand Siècle" au monde moderne

Des jugements de valeur négatifs sur l'islam ont été émis bien avant le XXe siècle en France par différents auteurs

Blaise Pascal (1623 - 1662 scientifique et philosophe français) dans Les Pensées " : “La religion Mahométane a pour fondement l’Alcoran et Mahomet. Mais ce Prophète qui devait être la dernière attente du monde a-t-il été prédit ? Et quelle marque a-t-il que n’ait aussi tout homme qui se voudra dire Prophète ? Quels miracles dit-il lui-même avoir faits ? Quel mystère a-t-il enseigné selon sa tradition même ? Quelle morale, et quelle félicité ?”

Bossuet (1627 - 1704), écrivain, précepteur de Louis XIV, évêque de Meaux : L’islam(isme) ! Cette religion monstrueuse a pour toute raison son ignorance, pour toute persuasion sa violence et sa tyrannie, pour tout miracle ses armes, qui font trembler le monde et rétablissent par force l’empire de Satan dans tout l’univers. (Panégyrique de Saint Pierre Nolasque).

Montesquieu ; ~1689 - 1755 philosophe et écrivain français : "C’est un malheur pour la nature humaine, lorsque la religion est donnée par un conquérant. La religion mahométane, qui ne parle que de glaive, agit encore sur les hommes avec cet esprit destructeur qui l’a fondée." (De l’Esprit des lois) "La religion des Guèbres rendit autrefois le royaume de Perse florissant ; elle corrigea les mauvais effets du despotisme : la religion mahométane détruit aujourd’hui ce même empire."

Voltaire, 1694 - 1778 écrivain et philosophe français : Le personnage de Mahomet a fortement intéressé Voltaire qui lui a consacré une pièce de théâtre Le Fanatisme ou Mahomet et suggéré de nombreux commentaires. Voltaire considère Mahomet comme un imposteur, un faux prophète, un fanatique et un hypocrite7 dans son œuvre Le Fanatisme, qui ne vise pas uniquement le fanatisme musulman mais aussi, indirectement, le fanatisme chrétien de son époque. Il développa de féroces commentaires dans le Dictionnaire philosophiquecitations 1. Dans son Essai sur les Mœurs, il évoquera toutefois le grand homme qui a changé la face d’une partie du mondecitations 2,citations 3,citations 4.

Chateaubriand (1768 - 1848 écrivain et homme politique français) : "Je dois remarquer que j’ai été le seul, avec Benjamin Constant, à signaler l’imprévoyance des gouvernements chrétiens : un peuple dont l’ordre social est fondé sur l’esclavage et la polygamie est un peuple qu’il faut renvoyer aux steppes des Mongols." (Mémoires, XXIX, 12) "Tous les éléments de la morale et de la société politique sont au fond du christianisme, tous les germes de la destruction sociale sont dans la religion de Mahomet." (Mémoires d’Outre-tombe)

Alfred de Vigny (1797 - 1863 écrivain français) : "Croyez en Dieu et en son prophète qui ne sait ni lire ni écrire (dans le Coran)."(Journal d’un poète, été-automne 1829) "Si l’on préfère la vie à la mort on doit préférer la civilisation à la barbarie. L’islamisme est le culte le plus immobile et le plus obstiné, il faut bien que les peuples qui le professent périssent s’ils ne changent de culte. (Journal d’un poète, année 1831)

Gustave Flaubert (1821 - 1880, écrivain français) : "Sans doute par l’effet de mon vieux sang normand, depuis la guerre d’Orient, je suis indigné contre l’Angleterre, indigné à en devenir Prussien ! Car enfin, que veut-elle ? Qui l’attaque ? Cette prétention de défendre l’Islamisme (qui est en soi une monstruosité) m’exaspère. Je demande, au nom de l’humanité, à ce qu’on broie la Pierre-Noire, pour en jeter les cendres au vent, à ce qu’on détruise La Mecque, et que l’on souille la tombe de Mahomet. Ce serait le moyen de démoraliser le Fanatisme." (Lettre à Mme Roger des Genettes / 12 ou 19 janvier 1878)

En Allemagne, on peut citer : - Schopenhauer (1788 - 1860 philosophe allemand) : "Le Coran, ce méchant livre, a suffi pour fonder une grande religion, satisfaire pendant 1200 ans le besoin métaphysique de plusieurs millions d’hommes ; il a donné un fondement à leur morale, leur a inspiré un singulier mépris de la mort et un enthousiasme capable d’affronter des guerres sanglantes, et d’entreprendre les plus vastes conquêtes. Or nous y trouvons la plus triste et la plus pauvre forme du théisme. Peut-être le sens nous en échappe-t-il dans les traductions. Cependant je n’ai pu y découvrir une seule idée un peu profonde."


L'orientalisme ou un nouveau regard sur l'Orient

L'ouvrage "Les Mille et Une nuits" est une compilation mise par écrit au Xe siècle a été redécouverte en Occident au XVIIe siècle. (BERNUS-TAYLOR Marthe, (dir.), L’étrange et le merveilleux en terres d’Islam, catalogue de l’exposition, Paris, Musée du Louvre, Réunion des musées nationaux, 2001, 334 p.) 8

Un orientalisme humaniste et classique s'est développé à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance, lorsque les explorations commencèrent (par exempleMarco Polo). Il se poursuit au XVIIIe siècle baroque puis rococo. Ce goût oriental hérite aussi du contact de l'époque des Croisades avec le monde islamique.L’orientalisme, terme répandu à partir de 1830, ne désigne pas un style mais plutôt un mouvement dans la littérature et la peinture française aux XVIIIe et XIXe siècles. Il marque l'intérêt de cette époque pour les cultures d'Afrique du Nord, turque et arabe, et l'Empire ottoman.

Pierre Loti en 1879, auteur de Aziyadé, témoigne de sa passion et d'une belle histoire d'amour. Avec ce livre il avait aussi retourné l’opinion occidentale en faveur des Turcs.

Victor Hugo en 1829 écrit un recueil de poèmes : Les Orientales. Il s'agit de tableaux pittoresques de l’Orient méditerranéen où voisinent les accents guerriers, épiques, érotiques et même intimistes.

Critiques du xxe siècle

"C'est ce qui permit à une minorité conquérante, politiquement et socialement dominante, de populations surtout chrétiennes, païennes et zoroastriennes, de consolider l'Islam et de soumettre rapidement les mondes sémitiques et iranien." — (P.J. Vatikiotis, L'Islam et l'État, 1987, traduction de Odette Guitard, 1992)

La conception de l'Islam démarrant d'une hérésie anti-trinitaire se retrouve dans l'analyse historique de John Wansbrough et Gerald Hawting9. Une série de réflexions entre chrétiens et musulmans est discutée avec l'idée, rejetée par les musulmans, que Mahomet fut influencé par un moine nestorienBahira. Selon cette théorie, l'islam est né d’une mutation dans ce qui était à l’origine une secte judéo-chrétienne qui essayait de se répandre dans les territoires arabes. La parole de Mahomet n'est donc pas une révélation divine, le Coran ne serait qu'une retranscription dans la langue arabe de certaines paroles de Jésus, d'usages et de rites plus anciens.

Dans De la dignité de l'islam. Examen et réfutation de quelques thèses de la nouvelle islamophobie chrétienne (v. Bibliographie), Michel Orcel étudie quelques aspects de la critique spécifiquement chrétienne de l'islam aux xxe et xxie siècle, laquelle s'inspire pour partie du "révisionnisme" européen et anglo-saxon.

Claude Levi-Strauss dans Tristes Tropiques, publié en 1955, considère l'islam comme rigide et intolérantcitations 5.

Critiques du xxie siècle

De nos jours, les orientalistes européens et américains examinent l'islam d'un point de vue universel et spirituel10. La fin du xxe siècle a vu une résurgence de l'influence mondiale de l'islam, et les conflits politiques et militaires, principalement avec les États-Unis suite aux attentats du World Trade Center du 26 février 1993 et surtout du11 septembre 2001, ont ramené sur le devant de la scène les discours sur le « choc des civilisations », entraînant une augmentation significative des critiques de l'islam, surtout dans les médias non-musulmans.

Critique du Coran

Coran : les différentes théories chronologiques de la rédaction du Coran, philologie et approche paléographique.

Les recherches récentes montrent que le Coran n'est pas la transcription directe de la parole de Mahomet ; avant d'arriver à sa forme actuelle canonique il est passé par plusieurs phases d'écriture et de réécriture11,12. Le Coran, comme tout autre livre, a une histoire.

L'histoire de son élaboration

Il n'existe pas de Coran « original » remontant à l'époque de Mahomet. Certains chercheurs essaient de cerner les conditions de formation et la période de la rédaction du texte ou des textes : pendant ou après la vie de Mahomet13, voire -pour certains extraits- avant, ainsi que le suggère Christoph Luxenberg dans l'un de ses ouvrages12.

Le Coran inclut des parties récitées, selon la tradition, par Mahomet rejoignant des passages de la Bible hébraïque, du Talmud, du Nouveau Testament que le Coran cite explicitement comme des livres révélés14,15 tout en affirmant qu'ils contiennent des erreurscitations 6,16,17 ; et le Coran présente certaines ressemblances notables avec d'autres sources plus légendaires telle que les Sept Dormants d'Éphèse ou le Roman d'Alexandre18,19. Ainsi, de nombreux commentateurs du Coran ont voulu reconnaître en Dhû-l-Qarnayn de la sourate dix-huit du Coran, Alexandre le Grand ou Cyrus le Grand20, d'autres personnages historiques ont été repris par les savants musulmans dans le cadre d'une exégèse du Coran21,22. Le Coran reprend de nombreux récits des apocryphes chrétiens concernant la vie de Marie et l’enfance de Jésus23.

Concernant la composition du Coran par Mahomet, Maxime Rodinson écrit : «… comme (Mahomet) était doué d'une personnalité singulièrement plus riche et plus puissante que celle des Kâhin ordinaires, cette insatisfaction le poussait aussi à réfléchir. Toute une élaboration intellectuelle se déroulait parallèlement aux répercutions de son tempérament inné de son histoire personnelle sur le plan nerveux. Et cette élaboration intellectuelle était d'une rare qualité… Petit à petit, son esprit s'avançait sur une voie qui devait le mener à dépasser l'horizon de son pays et de son temps24. » Après une longue comparaison, sur une quarantaine de pages, de Mahomet avec certains mystiques comme Thérèse d'Ávila et appuyé l'idée que Mahomet croyait sincèrement à la Voix qui lui dictait des choses25, Rodinson conclut : « Mohammed dut aussi éliminer, trier, inconsciemment sans doute, et ne retenir que ce qui édifiaitexortaitconsolait. Ses plus beaux poèmes n'ont sans doute jamais été écrits. Il attendait de Dieu des messages dans un sens donné et son attente modelait le verbe qui cherchait, en vain, à se montrer plus fort que lui. Au-delà des glossalistes chrétiens, il découvrait la démarche des grands prophètes d'Israël26. »

De sa compilation à sa canonisation

Chercheurs contemporains

Le philologue et islamologue Manfred Kropp explique que la langue du Coran aurait été retravaillée par des grammairiens en un texte en arabe populaire qui déjà avait de nombreux emprunts au syriaque27. Selon le traducteur Maurice Gloton et Mahmoud Azabnotes 1, le Coran comporte certaines irrégularités grammaticales par rapport à la grammaire simplifiée de l'arabe moderne, qui seraient des artéfacts de l'ancienne grammaire arabe de l'époque de Mahomet28.

L'opinion la plus partagée dans le monde des chercheurs est que « l'initiative de constitution d'un codex coranique officiel, commencée apparemment sous le califat deUthman semble avoir trouvé son achèvement sous le règne d'Abd al-Malik (685-705) ou un peu plus tard29 ». L'absence d'uniformité de lecture due à l'absence de voyelles [réf. nécessaire] , créant des variations grammaticales et sémantiques, engendre différentes traditions locales de lectures (qira'at) dont quatorze [réf. nécessaire]seront autorisées à partir du xe siècle. Les lectures non-autorisées demeureront cependant débattues par les savants musulmans. Une lecture dite de Hafs ouCoufique sera imposée à tout l'Empire ottoman au xvie siècle et reste la plus répandue de nos jours. Quelques lectures ont subsisté à la périphérie de l'empire dont la version dite de Warsh ou Médinoise, la seule encore imprimée, en Afrique de l'Ouest et du Nord-Ouest30. Comme le souligne Manfred Kropp, actuellement, une collection de lectures (mu'jam al qira'ât) est répertoriée comme des variantes par rapport à la lecture hafs, tandis que point de vue scriptural, le rasm de toutes ces variantes (sans les voyelles et les hurûf al 'illah) reste uniforme et similaire aux quelque trente-mille fragments de textes coraniques remontant au ier siècle hégirien31.

La tradition musulmane

Selon la tradition musulmane, Mahomet récitera le Coran en entier par cœur à chaque ramadan en présence de Gabriel32, et plusieurs compilations intégrales du Coran seront faites par des disciples de Mahomet à titre personnel du vivant de Mahomet33,34. Après Mahomet, ce sera Abu Bakr qui fera rédiger une compilation intégrale officielle à Zayd ibn Thâbit, qui sera conservée chez lui, mais ni diffusée ni multipliée35. D'après certaines traditions musulmanes, le calife Uthman réunira une seconde fois tous les chapitres du Coran en une édition définitive et détruira toutes les autres variantes du Coran, dont certaines variantes figureront dans les livres d'exégèses et de hadith, selon les règles de la transmission des hadiths36,37,38.

La tradition situe la mise en forme orthographique du Coran (avec les voyelles, la ponctuation et l'usage systématique des points diacritiques) sous le règne de Abd al-Malik (685-705), ou un peu plus tard39,40.

La tradition rapporte une destruction massive de manuscrits de corans, afin d' homogénéiser les manuscrits sous le califat d'Uthman ibn Affan, et la destruction de la variante d'ibn Mas'ud jusqu'en 1007 à Bagdad34Bukhari rapporte les réticences d'Abdullah ibn Mas'ud sur le canon d'Uthman et ses encouragements aux Irakiens à utiliser sa propre compilation plutôt que le canon d'Uthman composée par Zayd ibn Thâbit41,34, et les plus anciens manuscrits disponibles du Coran remontent à la seconde moitié du premier siècle hégirien d'après les techniques de datation modernes42,43,11.

Du côté chiite duodécimain, le livre de Mohammad ibn Yaqub Kolayni (? - 940) intitulé Usûl al-Kâfî, est le premier livre chiite connu à affirmer que le Coran possédait certains passages évoquant l'imamat de Ali et qu'il a été falsifié44. Une affirmation désormais généralement abandonnée par ceux-ci (à l'exception de rares réticences) dans le désir de se conformer à la version orthodoxe45.

Parole de Dieu ?

Des écrivains contemporains comme Karen Armstrong basent leur critique de Mahomet et de sa religion sur la contestation d'une des idées centrales de l'Islam : le Coran représenterait la parole littérale de Dieu.

Armstrong et d'autres préfèrent parler en de vagues formules de la nature transcendantale des visions et perceptions de Mahomet dès qu'il est question de la nature divine ou non du texte du Coran. Ces formulations n'en restent pas moins considérées hérétiques par les musulmans pieux, comme le furent, en leur temps, les travaux des chercheurs universitaires sur le problème synoptique ou la quête du Jésus historique par diverses autorités religieuses du christianisme10.

Syntaxe et grammaire du Coran

Au Moyen Âge, Ibn Khaldun a écrit longuement sur les péripéties de la grammaire, du lexique et de la syntaxe arabes, et de l'i'rab46 dans son Muqaddima et décrit comment l'histoire a conduit la langue arabe à la simplification depuis ses origines47.

Le grammairien spécialiste d'arabe ancien, Muhyiddin al-Darwish, a consacré un ouvrage volumineux à une analyse grammaticale détaillée de l'intégralité du Coran, et expliqué dans un langage fort technique le fonctionnement de la grammaire de l'époque de façon systématique verset par verset.Il a également disséqué les usages grammaticaux de l'époque pour tous les points qui semblent être autant d'erreurs grammaticales au regard de l'arabe simplifié, destiné à être enseigné aux non-arabes, à partir du premier siècle hégirien48,47.

D'après l'ouvrage confessionnel sunnite Encyclopaedia of Islam49, les traits diacritiques auraient déjà été inventés au temps du Calife Ali ibn Abi Talib, qui a demandé à abu al-Aswad d'écrire un ouvrage sur la grammaire. Celui-ci aurait inventé les voyelles, encore inexistantes dans l'écriture arabe auparavant. Ces voyelles consistant en des traits diacritiques auraient été appliquées dans les manuscrits du Coran de façon systématisée plus tardivement50. Les points diacritiques permettant de différencier certaines consonnes existaient quant à eux, mais étaient utilisés exceptionnellement jusqu'alors, pour des mots prêtant à des ambiguïtés fortes, comme en témoignent les papyrus PERF 558 (22H/642)51, le papyrus bilingue P. Mich. 6714 (daté à 22-54H/642-674)52. Les différences de graphismes entre le Coran rédigé enWarch et celui rédigé en Hafs, témoignent de ce que la finalisation orthographique des versets s'est faite postérieurement à Mahomet. Certains graphismes liés à des flexions casuelles ou encore à la ponctuation ont également été rajoutés au le texte primitif, une fois inventés, pour permettre aux non initiés la bonne prononciation des versets53.

Critiques autour de Mahomet

Pour les musulmans Mahomet est le dernier des prophètes venus après Moïse et Jésus, pour transmettre la parole divine. Mahomet est l'un des prophètes qui influença durablement la marche du monde, l'un de ceux dont l'histoire nous est la plus connuenotes 2. Cependant au vu de la connaissance scientifique accumulée depuis des siècles il est raisonnable de douter de la véracité de certain de ses propos: Mahomet serait monté au ciel sur le Burâq guidé par l'archange Gabriel vers Dieu54.

Les compagnons du Prophète semblaient divisés quant à savoir de quelle manière celui-ci était monté au ciel ; par exemple selon Ibn IshaqAïcha avait coutume de dire que "Le corps de l'envoyé de Dieu n'a pas quitté sa couche, c'est seulement son âme que Dieu avait transportée la nuit55".

Critiques théologiques

Les critiques théologiques de l'islam se concentrent autant sur Mahomet que sur les croyances des musulmans à propos de Dieu. Ces critiques ne proviennent pas seulement des autres religions monothéistes. Au contraire, de nombreuses critiques visant plusieurs aspects ou pratiques considérés comme faisant partie de l'islam « traditionnel », s'il existe, sont le fait d'autres musulmans. Ainsi les différences de rites, d'interprétations entre sunnisme et chiisme sont une parfaite illustration des critiques théologiques de l'islam.

Église évangélique

Samuel Marinus Zwemer, missionnaire américain parti en Arabie à la fin du XIX siècle répandre la parole évangélique, critique la vie de Mahomet dans ses nombreuses publications56 :

Zwemer dit même que Mahomet contredisait l'éthique traditionnelle des brigands idolâtres parmi lesquels il vivait, et qu'il contrevenait aussi à la morale sexuelle de son propre système. Citant Johnstone, Zwemer conclut en disant que le jugement des universitaires modernes contre l'islam, bien que sévère, est basé sur des preuves qui « viennent toutes des propres lèvres et plumes de ses [Mahomet] propres disciples dévots »[réf. nécessaire].

Église catholique

À son apogée, la domination islamique est allée jusqu'au nord des péninsules ibérique et grecque, en Afrique noire, au Nord de l'Inde et aux portes de la Chine. L'Églisecommença à voir en l'Islam une religion et pas seulement une menace militaire. Les écrits religieux commencèrent alors à décrire l'Islam et Mahomet comme étant inspirés par Satannotes 3, l'avant-garde, à savoir l'Antéchrist[réf. nécessaire] ou comme l'Antéchrist lui-même[réf. nécessaire]. D'autres religions, comme l'Hindouismedéveloppèrent des arguments semblables à la suite de la conquête arabe en Inde[réf. nécessaire]. De nos jours, les théologiens font un parallèle entre les attaques contemporaines à l'encontre de l'islam et celles de l'époque médiévale qui culminèrent dans la rhétorique de la Reconquista[réf. nécessaire].

Les chrétiens d'Europe sont devenus de plus en plus inquiets par l'expansion de l'empire islamique (voir Histoire de la conquête musulmaneBataille de Yarmouk) et voyaient l'Islam comme un fléau militaire [réf. nécessaire] et païen, châtiment divin pour les punir de leurs péchés. Des auteurs musulmans modernes ont avancé que cette idée, réactualisée au cours des siècles jusqu'à nos jours, a de fait positionné l'Islam en tant qu'Autre par excellence dans la culture judéo-chrétienne, un Autre qui a permis et qui permet à la chrétienté de se définir contre le Judaïsme et le paganisme[réf. nécessaire].

Pour l'encyclopédie catholique de 1911, un ouvrage apologétique produit en pleine Crise moderniste, Mahomet a été inspiré par une compréhension incomplète du Judaïsme, du Christianisme et du Zoroastrisme.

Ainsi, pour certaines personnes, Mahomet aurait été instruit par des textes apocryphes et non pas par les Évangiles canoniques, ne puisant donc « pas sa connaissance (du christianisme) à des sources purement chrétiennes », mais plutôt judéo-chrétiennes57. De là découleraient également les « incohérence[s] partielle[s] » auxquelles sont sujettes les données coraniques sur Jésus58.

Hadith

La majorité de la communauté musulmane considère le hadith comme une source d'inspiration similaire à celle du Coran.

Ignaz Goldziher est, au début du XXe, et avec d'autres auteurs comme Henri Lammens et Leone Caetani, le plus connu des critiques des textes des hadiths.

… il n'est pas surprenant que, parmi les questions les plus débattues et controversées de l'islam, tant politique que doctrinaire, il n'y en a pas une seule qui n'ait un champion qui ne puisse citer de nombreuses traditions, toutes affublées de l'imposant isnad.

Certains universitaires occidentaux qui suivirent ont été tout aussi sceptiques : dans Origins of Muhammadan Jurisprudence (1959), Joseph Schacht soutient que les isnads remontant à Mahomet sont "plus sûrement" des faux que de véritables isnads remontant à ses compagnons. Dans les années 1970 John Wansbrough et ses étudiants Patricia Crone et Michael Cook ont été encore plus loin dans leur rejet de cette tradition en soutenant que le Coran même avait certainement été rassemblé plus tardivement que traditionnellement proclamé[réf. souhaitée].

Selon la des thèse de doctorat de Mustafa Karataş, les techniques de communication des hadiths ont produit parallèlement à l'augmentation des chaines de transmissions une augmentation numéraire des hadiths, la décohérence sémantique inconsciente sur plusieurs générations ayant produit des variations multiples des témoignages que les experts du hadith trient donc pour le mieux, en sélectionnant les plus redondantes et rejetant les plus marginales59.

Parmi les critiques occidentaux contemporains de l'Hadîth on trouve :

Critiques éthiques

Certains (par exemple Geert Wilders, à la tête du Parti nationaliste néerlandais, assimilant l'islam a une idéologie fasciste) affirment qu'en tant que religion et système légal d'organisation de la société, l'islam ne parvient pas à fournir des valeurs morales acceptables selon les critères modernes60. En réponse, les défenseurs de l'islam ont suggéré :

  1. que les critiques morales de l'islam se concentrent sur des formes diverses de traditionalisme culturel, et non sur les principes réels de la foi et
  2. que ces critiques, quand elles portent bien sur les principes légaux islamiques, se concentrent souvent sur les points les plus sensationnels, et ne prêtent pas attention au résultat social réel, généralement populaire, produit par la charia dans son ensemble, au sein d'une communauté musulmane donnée61.

Éthique générale

Éthique et Coran

Concernant l'éthique et le Coran, Toshihiko Izutsu, fait l'hypothèse que le vocabulaire d'une langue donnée reflète, avant tout, les conceptions sémantiques de ceux qui la pratiquent, et prend source dans leur milieu d'existence en fonction des conditions matériels comme spirituels qui les entourent. En partant de ces prémices, l'islamologue japonais fait une lecture sur la fonction éthique du Coran, en soutenant que le Coran qui est considéré par le biais de la foi comme un livre révélé à Mahomet, est d'abord une expression authentique de la façon de penser du Prophète. Il propose donc une dissection sémantique des mots clés dans le corpus coranique accompagné par la littérature arabe ancienne extra-coranique. Il étudie le vocabulaire du Coran lié aux comportements sociaux. Izutsu souligne le pessimisme Arabe sur la condition humaine et l'encouragement à la solidarité tribale du Coran. Et constate l'encouragement à des vertus comme la générosité, le courage, la loyauté, la véridicité ou la patience. L'auteur développe son approche en montrant le côté théologique du Coran qui encourage à ces vertus et interdit les comportements opposés en organisant l'humanité comme un groupe fidèle qui s'applique à ces sagesse et destiné au Paradis, et un autre groupe opposé et ingrat qui s'oppose au message et qui est décrit comme voué à l'enfer62.

Éthique de réciprocité et altruisme

Elle est également présente dans le Coran : "8. Dieu ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. " Sourate 60 : L'éprouvée (Al-Mumtahanah)

D'après Kazimirski, il existe des versets encourageant à l'altruisme dans le Coran63. Le mot altruisme apparait de même dans la version en arabe : إيثار au verset suivant que Kazimirski rend par « (oubliant leurs propres besoins), ils préfèrent (leurs hôtes) à eux-mêmes64 ».

Il y a également une matérialisation de cette règle dans le recueil des quarante hadith de al-Nawawi mais elle n'est déclarée valable qu'entre musulmans selon certains65. La majorité des musulmans ont une compréhension plus large du mot Oumma qui met l'accent sur le lien avec l'ensemble des êtres humains en tant qu'enfants d'Adam66, comme cela est formulé dans l'introduction de la convention des droits de l'homme en Islam de l'Association islamique des Droits de l'Homme67.

Mariage de Mahomet avec Aïcha

Une critique de Mahomet est le mariage de celui-ci avec une très jeune fille quand il était âgé d'une cinquantaine d'années. Selon un certain hadith, Mahomet aurait épousé Aïcha alors qu'elle aurait eu six ans. Ce hadith considéré authentique par nombre d'oulémas et rapporté tant par Muslim que par Boukhari68 -selon Hicham ibn Urwah- rapporte qu'Aïcha se serait mariée à l'âge de 6 ans et que Mahomet aurait consommé le mariage avec Aicha, quand elle eut atteint l'âge de 9 ans ; Aïcha aurait dit : « J'avais six ans lorsque le Prophète m'épousa et neuf ans lorsqu'il eut effectivement des relations conjugales avec moi69. » Un des rapporteurs (rawi) de ce hadith, Hicham ibn Urwah souffrant de troubles de la mémoire selon les ouvrages d'histoire lorsqu'il transmettait les hadiths en Irak, comme celui-ci qu'il a transmis étant âgé d'une septantaine d'années et souffrant de troubles de mémoire sénile (à ce moment), via Ibrahim ibn Mûsâ (ibn Yazîd al Tamîmî abû Ishaq). Un hadith qu'a enregistré Bukhari à Rayy en Iran deux générations plus tard70. Maxime Rodinson aussi émet un doute subtil au sujet de ce hadith71.

Maxime Rodinson, écrit de même que, dans le contexte de l'époque, « treize ans était (par exemple) un bel âge pour les femmes arabes, et le mariage était consommé depuis longtemps72 ». Maxime Rodinson écrit à propos du mariage, en général, selon le Coran : « Probablement par la suite de batailles et d'autres facteurs, la communauté médinoise comptait plus de femmes que d'hommes. Ceux et surtout celles qui avaient perdu leur père n'étaient pas toujours bien traités par leurs tuteurs qui abusaient de la situation pour les dépouiller. Il fallait marier au plus vite les veuves et les orphelines musulmanes. Encore une fois, pour bien comprendre une pratique, il faut la replacer dans sa situation historique avant de la condamner ou de l'exalter au nom de dogmes moraux, religieux ou politiques supposés éternellement valables73 ». D'après l'historien Hassan Ibrahim Hassan, « Il devait être rare de trouver une jeune fille non mariée à cette époque, car les filles étaient mariées très jeunes à cette époque74 ». L'historien médiéval Tabari aussi témoigne qu'il s'agissait à l'époque en Arabie, d'une pratique coutumière, et précise que le père de Aïcha cherchait déjà un beau-fils et en avait un autre en vue, mais qu'il refusa de lui donner Aïcha comme celui-ci refusait de devenir musulman. abu Bakr étant accepté comme converti à l'islam dès 610. C'est donc après que son père lui eut cherché un époux, que Mahomet épousa finalement Aïcha75.

En comparant les différentes sources anciennes, Ruqayyah Waris Maqsood (en) soutient76 que quoi que la différence d'âge entre Aicha et Mahomet fût importante et qu'Aicha fut jeune lors de ce mariage, celle-ci ne pouvait chronologiquement pas avoir neuf ans lors de son mariage et qu'il n'existait ni calendrier, ni registres à l'époque confirmant les dates de naissances pour cette période en Arabie, les arabes faisant alors des estimations à partir de dates clés et les uns par rapport aux autres77. D'après ses recherches, consistant en des recoupements chronologiques indirects fondés sur les anciens écrits tels que ceux de Tabariibn Ishaq ou ibn Kathir, Aicha aurait eu environ 19 ans (entre 14 ans et 24 ans) lorsqu'elle se maria à Mahomet77. Ainsi d'après l'historien médiéval, Tabari, Aicha serait née plusieurs années avant que Mahomet ne prétende à la prophétie (donc avant 610) et une dizaine d'années après Asmaa une sœur aînée78,77 qui aurait été âgée d'une centaine d'années vers l'an 696 (selon cela, Aicha devrait être née une dizaine d'années après Asmaa, donc vers 606)79. Aicha aurait déjà été fiancée (promise) à un certain Jobar Ibn Al-Moteam Ibn Oday avant que Mahomet prétendit à la prophétie, vers 61080,77. Étant accepté qu'elle s'est mariée finalement avec Mahomet vers 62581. Ruqayyah Maqsood précise enfin qu'Aicha serait décédée à l'âge de 67 ans vers 672 selon la plupart des historiens, il faudrait donc qu'elle soit née vers 605, et ait eu une vingtaine d'années l'année de son mariage, vers 62581.

Selon Maqsood, Aïcha étant née avant 610 et mariée vers 625, elle ne pouvait donc pas avoir consommé le mariage à l'âge de neuf ans, mais plutôt vers dix-neuf ans. Mahomet devait à ce moment être âgé d'une cinquantaine d'années82,81.

Problème des droits de l'Homme

Dans sa biographie sur MahometMaxime Rodinson fait une analyse contextuelle des réformes législatives et sociales de Mahomet, et souligne que celui-ci a fait des réformes concernant la condition féminine, l'esclavage, et la sécurité en général83. Après une étude contextualisée de ces réformes pour cette époque-là, Rodinson conclut : « Ainsi se constituait une législation qui, malgré ses lacunes, ses obscurités, son caractère occasionnel, était à maints égards un progrès sur l'état antérieur. Elle répondait bien aux nécessités particulières de la petite communauté médinoise en voie d'extension. Elle sauvegardait la sécurité de l'individu et protégeait certaines catégories particulièrement exposées. En général, la tendance existante à l'individualisme était encouragé, sans que le système tribal soit abandonné. Surtout au milieu de l'océan des coutumes imposées par la tradition et l'opinion publique apparaissaient des éléments d'un véritable droit des prescriptions en principe nettement formulées et valables pour tous. »84

Le docteur Suliman ibn Abdal Rahman Al-Hukail soutient dans un de ses ouvrages que l'islam est compatible avec les Droits de l'homme85. Il y traite de la Déclaration des droits de l'homme en islam, ratifié par 57 États musulmans86, compare cette déclaration avec la Déclaration universelle des droits de l'homme et explique les principes fondateurs du droit musulman. Al-Hukail précise au chapitre cinq qu'il existe huit pénalités considérées comme étant fixes en droit musulman en dehors desquelles les juristes ont le moyen incontestable d'innover87. Cependant Al-Hukail reste inflexible sur la possibilité d'un moratoire sur les sept peines considérées fixes (hudûd) et dans un style fort apologétique affirme qu'elles seraient compatibles avec les droits de l'homme88.

Selon Yadh ben Achour89, il est inexact de penser que la charia est inerte et immuable. Elle évolue en fonction des changements de conjonctures diplomatiques et sociologiques. Y voir un système condamné à la pure stagnation est faux. Ben Achour cite ainsi de nombreux exemples d'adaptations de la charia dans une analyse rigoureusement scientifique89.

La philosophie des droits de l'homme (de l'humain), telle qu'elle se manifeste au début du XIXe siècle dans la réflexion des Occidentaux et est reconnue par de nombreux pays dans le cadre de la Déclaration universelle des droits de l'homme, semble à priori difficilement compatibles avec certaines règles édictées dans le Coran ou la charia des régimes politiques islamiques.

Rapports entre hommes et femmes dans l'islam

Article détaillé : Rapport_entre_hommes_et_femmes_dans_l'islam.
Discrimination envers les femmes par la charia

Des recherches ont été conduites par le Réseau international de solidarité WMUML en 2011 sur les lois dites islamiques (fiqh ou dénommées à tort charia)90. Les variances d'un pays à l'autre sont considérables et même contradictoires et bien souvent ces lois sont basées sur la tradition et la coutume. Le terme charia est utilisé par les autorités religieuses ou gouvernementales dans les pays musulmans afin de leur donner une soi-disant légitimité religieuse mais avant tout pour établir, réétablir ou renforcer le patriarcat de la société91 92.

Guerre et violence dans l'islam au regard des Droits de l'homme

Certains, comme Robert Spencer, pensent que ce ne sont pas uniquement les extrémistes islamistes qui prônent la violence mais bien l'islam en lui-même, celle-ci étant implicite dans le texte coranique. Il prétend que bien que l'islam ne prône pas explicitement le jihad militaire, le démenti des musulmans modérés, au fait que la violence des extrémistes puisse se trouver dans le Coran, ne tient pas. Selon lui, un mouvement dans le sens des Droits de l'Homme et d'un rapprochement pacifique vers le monde occidental demande un rejet des valeurs traditionnelles de l'islam (comme le jihad, la dhimmitude ou la charia60) de la part des musulmans.

D'après Alfred-Louis de Prémare, « islam » fut dès le début un terme équivoque et, plutôt que le rapport de soumission personnelle à Dieu, il a pu signifier, à la lecture des biographies de Mahomet et de ses compagnons, le ralliement ou la soumission à un pouvoir nouveau politiquement défini sur une action militaire permanente, le prophète en établissant les lois au nom de Dieu. Les premiers écrits sur l'islam sont les « expéditions de l'envoyé de Dieu » (Maghâzî rasûl Allâh). Omar. le deuxième caliphe a retransmis les propos du prophète : « J'ai reçu l'ordre de combattre les hommes jusqu'à ce qu'ils disent : point de divinité excepté Allah. Celui qui dit cela préserve de mon atteinte ses biens et sa personne »93

De nombreux colloques se sont tenus en Égypte, en Arabie saoudite et ailleurs, qui condamnent les attentats suicides, l'agression physique des personnes civiles et les attentats du 11 septembre, du 11 mars, de Riyad, du 7 juillet etc, comme contraires à l'islam94,95,. La ligue arabe composée des intellectuels, hommes politiques et religieux du monde arabo-musulman lutte durement contre les déviants terroristes, comme en témoignent notamment la rédaction de la Convention arabe contre le terrorisme96, et la mise en place et la ratification par 57 États de Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam97.

Islam et sexualité au regard des Droits de l'homme

Mariage arrangé
Âge du mariage

De nombreux hadiths authentiques imposent aux hommes et aux tuteurs que lorsqu'une jeune fille encore vierge est demandée en mariage, celle-ci doit être consentante109, de même que pour toute femme demandée en mariage. Cependant, certains érudits musulmans (médiévaux ou plus contemporains) émettent des avis légitimant le mariage des jeunes filles plusieurs années avant la puberté[réf. nécessaire], voire, en contrevenant aux hadiths mentionnés plus haut, même si elles sont encore au berceau, en interdisant les rapports sexuels ou érotiques tant que celles-ci ne sont pas physiquement mûres110. Certains autres savants, n'excluent pas non plus « de jouir avec celles-ci mais sans copulation jusqu'à l'apparition de leurs règles car ce serait leur faire du mal, en évitant (également) la sodomie, car cela est un acte abominable111 ». De même, plusieurs juristes anciens et modernes autorisent le fait de marier un garçon même s'il n'est pas en âge de raison112. Selon les historiens cette pratique est une trace des coutumes arabes d'avant Mahomet72,74. Cette pratique, autorisée par certains oulémas, est vivement condamnée par d'autres oulémas et intellectuels du reste du monde113. Le mariage précoce est légalement interdit dans la plupart des états musulmans114, et est en recul dans la plus grande partie du monde musulman115.

Actuellement, dans plusieurs pays à majorité musulmane, des enfants sont mariés avec les bénédictions de certains oulémas, comme c'est le cas au Soudan, auYémen, dans plusieurs pays du Proche-Orient ou encore en Mauritanie, malgré les protestations de nombreux intellectuels et savants dans ces régions-mêmes. Ce qui suscite beaucoup de réactions et d'émotions dans le monde extérieur116,117.

Excision - Circoncision

À l’heure actuelle, le nombre d’excisées à travers le monde s’élève à plus de 140 millions selon l’organisation mondiale de la santé (OMS) L'origine de cette coutume est très ancienne (dès l’époque pharaonique). Elle se pratiquait avant l'apparition de l'islam dans les tribus arabes suite aux influences éthiopiennes. Actuellement elle n'est pratiquée que par certains pays musulmans et de nombreuses communautés dans le monde qui ne sont pas musulmanes.

Article détaillé : Excision.

Rien ne prouve que le prophète ait encouragé cette pratique. Il aurait dit à Um Athiyyah, une exciseuse de Médine : « Effleure et n’abuse pas, car elle rend le visage plus rayonnant et plus agréable pour le mari» rapporté par l’imam Abou Dawoud (817-888, grand érudit de la science des hadiths). Mais après sa mort, les compagnons du prophète ont atteint un consensus sur un hadith, qui n'est pas authentique selon certains (Mouhammad al-Boukhârî118) : « La circoncision est une tradition louable (sunnah) pour les hommes et un honneur (makrumah) pour les femmes. Ma communauté ne s’accordera jamais sur une erreur.». Le recteur de l'Institut musulman de la Mosquée de Paris dit à ce propos : "Si pour l'homme la circoncision [masculine] (bien que non obligatoire mais sunna) a en plus un but esthétique et hygiénique, il n'y a aucun texte religieux islamique valable qui puisse être pris en considération pour l'excision de la femme, preuve en est que cette pratique est totalement absente dans la majorité des pays islamiques. Et, si certains peuples continuent malheureusement à pratiquer l'excision au point même de porter préjudice à la femme, cela provient sans doute de coutumes antérieures à l'avènement de ces peuples à l'Islam.. Cependant, sur la même page, il est ajouté que le fiqh malikite conseille : En réalité, ce qui est préférable (et honorable) pour la fille c’est une forme de circoncision féminine (dite Khifâd) qui est légère et qui a un effet non nocif qui ne gênera pas le plaisir sexuel conjugal de la femme ni de son mari. 119

Le mariage de jouissance (chiisme)
Article détaillé : mut`a.
La polygamie
L'homophobie
Article détaillé : Homosexualité dans l'islam.

Le Coran évoque à huit reprises la destruction par un cataclysme des peuples mythiques de Sodome et Gomorrhe dont il est dit qu'ils violent les visiteurs mâles129, en les attaquant sur les grands chemins et commettent des iniquités dans leurs assemblées130. Il critique Loth d'un excès de chasteté131 quand, pour épargner ses hôtes il leur dit de plutôt abuser de ses propres filles disant « il serait moins impur d'abuser d'elles132 » : 7:78-81, 11:74-83, 15:67-77, 21:74, 26:160-174, 27:54-58, 29:27-35, 54:33-39. Comme pour « les courants religieux et spirituels majoritaires de l’Hindouisme, du Bouddhisme, du Judaïsme, du Christianisme133 », la sunna condamne également l'homosexualité, et prescrit la peine de mort comme sanction, le plus souvent par lapidationcitations 7. Une peine qui continue d'être appliquée dans plusieurs pays musulmans dont l'Arabie saoudite. Les actes homosexuels sont encore passibles de peine de mort dans six pays de nos jours : outre l'Arabie saoudite, on compte également l'Iran, le Nigeria, la Mauritanie, le Soudan et le Yémen. L'Iran affirme avoir suspendu l'usage de la lapidation pour l'application de la condamnation à mort des adultérins depuis 2002134, ce qui semble être démenti par les faits135,136 et ne remet pas en cause la peine de mort concernant les homosexuels.

L'homosexualité masculine est un crime dans la plupart des pays à majorité musulmane et le lesbianisme l'est dans près de la moitié de ces pays ; les peines concernant le lesbianisme sont cependant en général moins sévères137.

La transsexualiténotes 5 est en revanche tolérée comme une réparation clinique d'un déséquilibre entre l'âme et le corps de type hermaphrodite, et légalement autorisée en Iran, en Turquie, et dans plusieurs autres pays à majorité musulmane138,139,140,141.

Islam et esclavage au regard des droits de l 'homme

Article détaillé : Esclavage dans le monde arabo-musulman.

Le Coran, à l'instar des textes religieux d'autres religions, n'interdit pas l'esclavage, voir le tolère tout en lui imposant des limites142. C'est une institution réputéenaturelle mais le Coran comme la sunna insistent fortement sur la bienveillance à accorder aux esclaves et sur le mérite qu'il y a à les émanciper. La réalité de l'esclavagisme y a revêtu des réalités très diverses allant de l'esclave domestique, aux milices d'esclavesnotes 6, en passant par les courtisanes. Disparu progressivement de la plupart des pays musulmans, l'esclavagisme existe encore dans certains pays sahariens et, de fait, dans la péninsule Arabique143.

Apostasie dans l'islam au regard des droits de l'homme

Article détaillé : Apostasie dans l'islam.

Un des points où la charia s'éloigne fort des conventions internationales modernes concernant les droits de l'homme, et qui est fortement critiqué tant par des intellectuels musulmans que par des intellectuels non-musulmans est la condamnation morale et juridique de l'apostasie dans beaucoup de pays à majorité musulmane144.

La plupart des juristes des quatre écoles majeures de jurisprudence islamique (madhhab) considèrent, à la suite des fondateurs de ces écoles et à partir du ixe siècle, qu'un apostat doit être exécuté et ce en se basant sur un seul hadith d'Ibn `Abbâs (il n'avait que 13 ans à la mort du Prophète) dans lequel il rapporte que le prophète de l'islam, Mahomet, aurait dit : « Quiconque change sa religion, tuez-le ».Ce qui en fait un hadith "ahad" selon le théologien Mohamed Charfi qui le considère comme peu authentique. Ces propos sont rapportés par al-Boukhari mais ne sont pas repris par Muslim145. Cela a conduit la majorité des érudits religieux musulmans modernes ou anciens à penser que l'apostasie d'un musulman est passible de la peine de mort146. La peine n’étant appliquée que pour l'apostat qui expose publiquement son apostasie, invite et incite à le suivre147.

La condamnation à mort des apostats ne fait cependant pas l'unanimité des juristes et savants musulmans principalement avant le ixe siècle, depuis l'époque des premiers califes déjà, à l'instar d'Umar ibn al-Khattab (?-644), Sufyan al-Thawri (en) (716-778) ou Ibrahim an-Nakhai (? -714) comme souligné par le savant musulmanhanafite148 Youssef al-Qaradâwî qui appuie la possibilité d'annuler ou reporter la condamnation en conformité à la charianotes 7. Le Docteur İsmail Hakkı Ünal, membre des hautes affaires religieuses de Turquie et savant hanafite, soutient également que la condamnation à mort des apostats n'est pas universellement défendu par les docteurs du Droit Islamique. Il fait remarquer que si nous suivions le hadith d'Ibn Abbas disant « Celui qui change de religion, exécutez-le » -un hadith que celui-ci n'a probablement pas entendu lui-même dans sa formulation initialenotes 8, étant âgé de 13 ans lors du décès de Mahomet-, il faudrait également exécuter les non musulmans convertis à l'Islam. Le théologien et juriste apporte une série de hadiths pour appuyer que la condamnation à mort des apostats n'est pas clairement défendable comme une obligation religieuse149.

En Arabie saoudite, l'apostasie est passible de la peine de mort par décapitation au sabre150. L'Iran condamne également à mort les musulmans ayant apostasié151.Parfois, quand la peine de mort n'est pas appliquée, l'annulation du mariage est opérée et les conjoints peuvent être forcés de se séparer l'un de l'autre152.

Réflexion critique du monde arabo-musulman fin du xxe et début du xxie siècles

L'héritage réformiste (qui fut par la suite dénoncé par les opposants fondamentalistes) a été préparé par des penseurs tels Jamal al-Din al Afghani, Muhammad 'Abdul (m.1905) ou Sayyid Ahmad Khan (m.1898). La question - qui n’était pas nouvelle - était celle de la foi et de la raison mais qui se compliquait de la nouvelle vision scientifique mondiale. Le juriste et réformateur Sayyid Amir 'Ali (m.1928) affirmait que "l'islam se présente de façon inhérente comme une force de progrès et de civilisation". Mohamad Iqbal (1876-1938) a encouragé le mouvement d'ouverture du monde musulman vers l'occident car les musulmans doivent retrouver "leur héritage perdu" pour le cultiver et le faire progresser153.

De nombreux penseurs, historiens et sociologues arabo-musulmans développent de nos jours des analyses novatrices qui représentent une rupture avec l'orthodoxie traditionnelle qualifiée souvent d'obscurantiste de l'islam, tels Abdelmajid Charfi154, Abdou Filali-Ansary155Rachid BenzineOlfa Youssef

L'islam, par "le Coran ou plutôt - le mushaf uthmaniencorpus officiel - est présent dans tous les actes de la vie du musulman, des plus anodins et insignifiants aux plus importants"156.

Le penseur indien Mohamed Iqbal en 1928 dans "Six lectures of the reconstruction of religious thought in islam" a exprimé une interprétation différente de la clôture de la prophétie, le "sceau des prophètes" (Coran 33, 40). Cette théorie est reprise par Abdelmajid Charfi157. L'interprétation traditionnelle veut que le prophète étant le dernier d'une chaîne, il aurait apporté la parole divine définitive, donc immuable. Muhamad Iqbal, bien que très orthodoxe, pensait que Mahomet se trouvait à l'intersection d'une pensée ancienne (faisant un état, une compilation des mythes qui ont constitué les trois religions abrahamiques) et ayant atteint son apogée, face à un nouvel esprit moderne en devenir. Le message n'est pas un enfermement mais le commencement d'un autre cycle spirituel. (A cette époque, le penseur indien a pu être influencé par les philosophes occidentaux.) Abdelmajid Charfi s'appuie aussi sur la personnalité du prophète dans le Coran : un homme et seulement cela, ordinaire, mortel. Son message répond aux exigences du monde moderne sur la liberté et la responsabilités individuelles158. Si l'on en est arrivé à une sorte de schlérose (perversion du message prophétique) des idées par la suite, c'est dû à l'institutionnalisation, à la ritualisation (qui ont pu être utilisées comme discriminatoires au début des conquêtes) et à la confessionnalisation qui se sont peu à peu imposées à partir du deuxième califat. On retrouve cette "déviance" dans lejudaïsme et le christianisme à travers leurs institutions cléricales159

Il faut proclamer la parole de dieu et non l'interpréter. Pour cela, il faut sortir de sa gangue cette parole pervertie par des générations de "clercs". Il faut renouveler la pensée religieuse en islam et aller vers la cohérence et l'ouverture en supprimant les manipulations. "La véritable performance de la révélation réside dans son caractère subversif "160Ibrahim an-Nazzam de l'école de pensée théologique musulmane le mutazilisme soutenait au début du ixe siècle que l'homme n'avait pas besoin de la Loi divine (shar' devenue charia) pour organiser la société : un droit positif et séculier n'est pas en contradiction avec l'islam. Cependant tout le domaine de la loi et de la jurisprudence est devenu sacré et donc intouchable, mais inadapté à l'organisation des états modernes.

Une autre direction dans les études des chercheurs concerne "l'islam pluriel" historiquement, géographiquement et régionalement. Un exemple est donné par Abdelmajid Charfi : les conditions d'exercice de la pensée religieuse ont radicalement changé par rapport au passé161 : Ce sont les états-nations d'après les indépendances au Maghreb qui font la loi qui sera légitimée et justifiée par un discours islamique dans un cadre national et concernant tous les domaines de la société.

Une des clefs est clairement l'ajustement des systèmes modernes et traditionnels d’éducation laissant toute la place nécessaire aux intellectuels pour relever le défi de la renaissance authentique de l'islam162.

Des personnalités intellectuelles arabes dénoncent de plus en plus ouvertement les dérives de l'islam fondamentaliste. Ainsi l'écrivain égyptien Alaa_al-Aswany estime que le véritable islam prône d'abord la justice et la liberté, il émet des critiques envers l'islam fondamentaliste qu'il considère comme un islam de façade. Selon lui « Ce n’est pas seulement une question d’hypocrisie ou d’ignorance. Le fond du problème est que bien des gens se font une conception erronée de la religion, qui valorise les aspects visibles de la religiosité. Cette prétendue religion est confortable parce qu’elle ne demande pas d’effort, ne coûte pas cher, se limite à des slogans et à des apparences, et donne un sentiment de paix intérieure et de satisfaction de soi. Les vrais principes de l’islam en revanche – justice, liberté et égalité – vous font courir le risque de perdre votre salaire, votre situation sociale et votre liberté. » Il estime que la question du voile est secondaire vis-à-vis de la lutte pour la justice, la liberté et l'égalité. Il prend une position ferme envers le régime saoudien qui selon lui cultive un décalage entre d'un côté le discours religieux et le mode de vie saoudien, de l'autre les valeurs islamiques. « Sur les chaînes satellitaires saoudiennes, des dizaines d’hommes de religion parlent vingt-quatre heures sur vingt-quatre de questions religieuses, mais jamais du droit des citoyens à élire leurs gouvernants, ni des lois d’exception, ni de la torture et des arrestations arbitraires. Leur pensée ne s’attarde jamais aux questions de justice et de liberté. » Il estime que les valeurs islamiques sont faussées par l'hypocrisie : « L’islam dans toute sa grandeur avait poussé les musulmans à faire connaître au monde l’humanité, la civilisation, l’art et la science. Mais la tartuferie nous a menés à toute cette ignominie et à cette misère dans laquelle nous vivons163».

De nombreuses voix s'expriment pour dénoncer l'intégrisme religieux, par exemple Taslima Nasreen ou Ayaan Hirsi Ali.

LA VIE DU PROPHÈTE