Les décideurs peuvent maintenant agir


Pierre Vigneault

Publié le 19 Juin 2012 
Pierre Vigneault

J'ai souvent l'impression de me répéter inutilement lorsque je décris les événements qui ont mené à l'impasse du projet d'école primaire à L'Île-des-Soeurs. Pourtant, les propos de certains observateurs me forcent à admettre que bien des gens sont mal informés sur ce dossier.

Il faut d'abord savoir que la responsabilité publique de l'éducation des enfants relève de deux organismes décisionnels: le ministère de l'Éducation et les commissions scolaires. Ils doivent aussi assurer aux élèves des locaux qui leur permettent d'accéder à de l'enseignement de qualité. C'est dans ce contexte que s'élaborent les projets de construction de nouvelles écoles.

La pratique veut, toutefois, que les administrations municipales soient indirectement impliquées dans ces décisions. Le gouvernement subventionne la construction des nouvelles écoles à la condition que les terrains soient cédés par les villes ou les arrondissements.

Pendant des décennies, cela ne posait aucun problème. Les nouvelles constructions d'école s'effectuaient sur des territoires où l'espace et les terrains vacants ne manquaient pas. L'annonce d'une nouvelle maison d'enseignement était une excellente nouvelle; elle générait une grande effervescence économique et la création de dizaines d'emplois permanents.

Les choses ont changé. On construit maintenant les nouvelles écoles en milieu urbain. Plusieurs arrondissements de la ville de Montréal affichent un accroissement phénoménal du nombre d'enfants d'âge scolaire. De nos jours, on doit aménager de nouvelles classes dans des quartiers où les rares terrains libres valent des sommes phénoménales.

Cette situation n'avait pas été prévue par les démographes; elle résulte, dans une très large mesure, de l'impact des familles de nouveaux arrivants qui, contrairement aux Québécois de souche, comptent habituellement plusieurs jeunes enfants. À ce facteur s'ajoute celui non négligeable des mesures gouvernementales pour favoriser l'augmentation des naissances.

C'est le contexte qui prévaut à L'Île-des-Soeurs. On a planifié le développement résidentiel, mais on n'avait pas prévu les changements démographiques dans les habitations existantes. Dans plusieurs de celles-ci, les célibataires et les couples sans enfants ont cédé la place à de jeunes familles. De plus, le ministère de l'Éducation a décrété la réduction du nombre d'élèves par classe, forçant ainsi l'ouverture de nouvelles classes.

La CSMB avait deux choix: construire une nouvelle école ou transporter les élèves de l'île hors de leur milieu. Pour que les enfants puissent continuer à étudier dans leur quartier, l'arrondissement de Verdun devait fournir un emplacement acceptable et le seul que les urbanistes ont pu trouver est celui du parc de la Fontaine. Ils ont présenté un projet, accepté par la CSMB, qui n'occuperait que 10% de la superficie du parc et qui permettrait d'en conserver tous les équipements.

On connaît le reste de l'histoire. Une loi désuète permettait à un groupe de citoyens de bloquer le changement de zonage requis et ils s'en sont prévalus. Le projet est dans une impasse depuis le 26 octobre 2011 et le seul espoir des parents était une modification de l'article 89 de la charte de la ville de Montréal.

Le 13 juin dernier, lors d'un vote unanime des partis à l'Assemblée nationale, ce changement a été apporté. Il reste à savoir si l'arrondissement et la CSMB feront bon usage de cet indispensable outil