Changements climatiques

Le dégel de l'Arctique s'intensifie

Radio-Canada

Des scientifiques ont constaté l'apparition d'importantes fractures dans la calotte glaciaire du Grand Nord canadien.

L'équipe de chercheurs, qui accompagnait une expédition militaire canadienne dans l'Arctique, a découvert un vaste réseau de fissures et de fractures de la couche de glace qui s'étend sur une distance de plus de 16 kilomètres.

L'apparition de ces fissures dans la calotte glaciaire, qui annonce la séparation d'un gigantesque bloc de glace de la banquise, est un indicateur, selon les scientifiques, que le climat terrestre se réchauffe.

« Nous observons des changements dramatiques dans la vitesse du retrait des glaces et la fonte des glaciers. L'an dernier, la calotte glaciaire comportait 23 % moins de glace que tout ce que nous avons observé dans les années antérieures », a déclaré le docteur Luke Copland, de l'Université d'Ottawa, à la BBC.

« J'ai été stupéfait de voir ces nouvelles fissures. Cela signifie que la couche de glace se désintègre, les morceaux de banquise demeurent encore attachés, comme un casse-tête, mais pourraient commencer à dériver à tout moment », relate pour sa part le chercheur Derek Mueller, de l'Université Trent.

Une région stratégique

La fonte rapide des glaces de l'Arctique est plus qu'une question environnementale, c'est aussi un enjeu stratégique d'importance pour les puissances de l'hémisphère nord.

Actuellement, les glaces bloquent la circulation des navires dans l'Arctique, mais la fonte rapide des glaces ouvrira bientôt un passage navigable qui permettra de relier l'Atlantique et le Pacifique par le pôle Nord de la planète.

Or, de nombreux pays, dont les États-Unis, la Russie et le Canada, revendiquent la souveraineté de cette région. L'expédition militaire canadienne à laquelle les scientifiques ont pris part était justement une patrouille de souveraineté.

Hausse du méthane dans l'atmosphère

Par ailleurs, des chercheurs britanniques croient que la hausse de méthane mesurée l'an dernier dans l'atmosphère terrestre est d'origine biologique. La concentration de ce gaz à effet de serre dans l'atmosphère était stable depuis une décennie, lorsqu'il a commencé à augmenter l'an dernier.

La US National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a en effet noté une augmentation de 0,5 % des concentrations globales de méthane dans l'atmosphère terrestre.

Selon une équipe de chercheurs britanniques, qui a mesuré des émissions de méthane supérieures à la moyenne dans les zones nordiques de la Scandinavie en 2007, ce puissant gaz à effet de serre pourrait provenir du dégel du pergélisol et des sols humides des régions qui entourent l'Arctique.

Vingt-cinq fois plus dommageable que le CO2, le méthane est produit dans le sol par l'action de bactéries et de matières en décomposition. Or, comme les sols qui entourent l'Arctique sont gelés depuis des siècles, voire des millénaires, le gaz emmagasiné dans ces sols commence à se libérer dans l'atmosphère, lorsque la terre dégèle.

Si l'hypothèse des scientifiques est fondée, les sols du Nord pourraient libérer d'énormes quantités de méthane dans l'atmosphère et amplifier l'effet de serre qui réchauffe l'atmosphère terrestre.

« Nous sommes presque sûrs que ces émissions proviennent du dégel des sols. Dans les régions boréales, le climat plus chaud incite les microbes à produire plus de méthane, et plus rapidement, que lorsque le sol est gelé », a expliqué à la BBC Ed Dlugokencky, du Earth System Research Laboratory.

Le docteur Dlugokencky croit aussi que l'important recul des glaces observé en 2006 et 2007 dans l'Arctique pourrait aussi avoir contribué à libérer du méthane produit par les eaux de la mer.

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