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Échec monumental de la désinstitutionalisation

Un asile à ciel ouvert

11 Juin 2011
Richard Martineau / Franc-parler

Je ne porterai pas de jugement sur l’action des policiers dans la tragédie qui a coûté la vie à Patrick Limoges et Mario Hamel.

Était-ce une erreur ou une bavure ? Je ne sais pas, je n’étais pas là et le travail des policiers est beaucoup trop complexe pour qu’on se mette à jouer aux gérants d’estrade sans avoir toutes les pièces du dossier en main.

UN ÉCHEC MONUMENTAL

Mais il y a une chose sur laquelle je peux me prononcer : l’échec monumental de la désinstitutionalisation.

Comme je l’ai écrit dans ces pages il y a un an, en quarante ans, près de 17 000 lits ont été fermés en soins psychiatriques au Québec. À l'hôpital Louis-Hypolyte-Lafontaine, le nombre de personnes hospitalisées, qui était de 6 000 en 1960, est passé à 645.

Le système a fait de grosses économies. Mais pour les patients, c’était la catastrophe.

On les a envoyés dans la rue, sans filet, sans aide, rien.

Résultat : dans certains quartiers de Montréal, les rues sont remplies de Mario Hamel, qui parlent à voix haute et s’engueulent avec des créatures invisibles.

LA HONTE

Un après-midi, allez faire un tour dans le Complexe Guy-Favreau, par curiosité. On dirait un asile.

C’est rempli de malades qui déambulent en marmonnant, un café à la main, comme de véritables zombies, seuls face à leur délire, leur souffrance.

C’est pathétique. Ça arrache littéralement le cœur.

On fait semblant de ne pas les voir, car leur présence nous fait trop honte. Comment a-t-on pu agir de la sorte ?

Nous nous montrons plus compatissants envers les chiens et les chats errants ! On les laisse dans leur merde, leur crasse, leur folie…

UN EXEMPLE À NE PAS SUIVRE

Et puis, il faut le dire, certains sont carrément inquiétants.

Ouvrir la porte d’une succursale bancaire à 23 h pour retirer de l’argent au guichet automatique et tomber sur un sans abri aviné qui dort au pied de la machine n’est jamais très sécurisant.

A-t-il toute sa tête ? Va-t-il me sauter dessus ?

Qui sait ce que Mario Hamel voyait lorsqu’il éventrait des sacs de poubelles avec son couteau ?

On nous a présenté la désinstitutionalisation comme étant une opération humanitaire : sortir les malades des asiles, leur permettre de réintégrer la société… Or, ce n’était qu’une façon bête et grossière de sauver de l’argent.

À l’heure où l’on parle de plus en plus de couper dans les services et d’alléger le système, espérons que les erreurs catastrophiques de la désinstitutionalisation nous serviront d’avertissement.

Voici comment ON NE DOIT PAS faire les choses…

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