Sondage SOM-FAE

Plus de 59 % des Québécois affirment être en désaccord d'intégrer tous les élèves en difficulté dans la classe régulière.

Les Québécois rejettent la réforme de l'éducation

MONTREAL, le 12 mars CNW Telbec

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE)

a rendu publics aujourd'hui les résultats d'un sondage mené du 19 février au 5 mars 2007

par la maison de recherche SOM

auprès de 1245 personnes, dont 500 parents d'élèves du primaire et du secondaire

sur la réforme de l'éducation au Québec.

 

Les Québécoises et les Québécois, tout comme les parents d'élèves,

affirment être respectivement en désaccord avec la réforme en cours dans une

proportion de 56 % et 59 %. Leurs positions sur les fondements et les

pratiques plus précises de cette réforme sont encore plus sévères :

 

- 81 % des Québécois et des parents sont d'accord avec le redoublement

si un élève n'atteint pas un certain seuil de réussite (dont 45 %

sont totalement d'accord). Même les répondants qui appuient la

réforme se disent d'accord à 76 % avec le redoublement.

 

- 67 % des parents et des citoyens sont d'accord à donner la note

"échec" à un élève qui n'atteint pas un certain seuil de réussite. La

proportion d'appui au rétablissement de la note "échec" est également

élevée (72 %) pour les personnes favorables à la réforme qui proscrit

pourtant l'échec et le redoublement.

 

- 30 % des Québécois et 26 % des parents préfèrent l'utilisation des

lettres plutôt que des pourcentages pour évaluer l'élève.

 

- 59 % des parents affirment que l'école doit surtout transmettre des

connaissances par rapport à 23 % qui croient qu'elle doit donner les

moyens de construire soi-même les connaissances (l'approche

socioconstructiviste sur laquelle s'appuie la réforme), alors que

17 % répondent spontanément les deux.

 

- 52 % des parents préfèrent que l'on évalue les élèves surtout sur la

base des connaissances par rapport à 21 % pour les compétences (tel

qu'imposé par la réforme actuellement) et 26 % croient que les deux

devraient être évaluées.

 

- 97 % des parents considèrent qu'il est important (dont 80 % très

important) que le bulletin permette de savoir si l'élève maîtrise

bien les connaissances de base de chacune des matières. Le bulletin

de la réforme ne permet pas de vérifier la maîtrise des connaissances

puisque seules les compétences disciplinaires et transversales sont

évaluées.

 

- 38 % des parents qui ont émis une opinion à la question "Qu'est-ce

que vous appréciez le plus de la réforme?" ont répondu qu'ils ne

trouvent rien de positif dans la réforme comparativement à seulement

7 % pour ceux qui ne trouvent rien de négatif.

 

- 30 % des Québécois (48 % des parents qui ont émis une opinion) ont

affirmé que le bulletin est le principal irritant de la réforme,

suivi du manque de connaissances (6 %) et de l'abolition du

redoublement (5 %).

 

"La réponse des Québécoises, des Québécois et des parents est claire. Une

très forte majorité de la population rejette de grands pans de cette réforme

et préfère que l'on recentre l'école québécoise sur la transmission et

l'évaluation des connaissances des élèves. L'école primaire et secondaire doit

prioriser l'instruction avant la qualification", de commenter Mme Nicole

Frascadore, présidente de la FAE. "Les résultats de ce sondage confirment les

commentaires formulés par les parents et la population en général via le site

Internet www.stopponslareforme.qc.ca, ou lors de notre tournée de conférences

publiques à travers le Québec. Il y a plus de 23 000 personnes qui ont déjà

signé la pétition pour réclamer que le ministère de l'Education, du Loisir et

du Sport corrige les programmes de formation et la politique d'évaluation des

apprentissages afin de prioriser l'acquisition de connaissances par rapport au

développement des compétences", d'ajouter la présidente de la FAE.

Les résultats de ce sondage devraient remettre en débat les fondements de

la réforme durant la campagne électorale. "Seule l'ADQ a osé relancer le débat

de la réforme sur la base de l'évaluation des connaissances, du redoublement

et des bulletins en pourcentage durant cette campagne électorale. Le PLQ et le

PQ sont restés très discrets à ce sujet. Les partis qui aspirent à diriger le

Québec ont le devoir et l'obligation de répondre à la population qui affirme

clairement qu'elle ne veut plus de cette réforme pour le bien des jeunes

Québécoises et Québécois", de poursuivre Mme Frascadore.

 

Finalement, ce sondage a aussi permis de vérifier l'opinion de la

population sur d'autres aspects de la réforme et sur certaines dérives du

Renouveau pédagogique. On apprend ainsi que même pas la moitié des Québécoises

et des Québécois (47 %) connaît l'existence de cette réforme alors que la

proportion passe à moins de deux sur trois pour les parents (64 %). Il n'est

donc pas surprenant de constater qu'à peine un parent sur quatre se dit bien

informé au sujet des compétences transversales.

Plus de 80 % des parents considèrent que l'information reçue de l'école

permet de savoir si leur enfant réussit. Ils ont spontanément répondu que les

communications avec les professeurs (29 % des mentions), les notes en

pourcentage (24 %), un meilleur bulletin (22 %), les rencontres avec les

professeurs (21%) et les communications écrites avec les professeurs (12 %)

étaient les principaux éléments leur permettant de juger de la réussite de leur enfant.

 

Les Québécoises et les Québécois comme les parents ne veulent pas pour

autant faire table rase de la réforme. Les parents privilégient que l'on rende

les cours plus dynamiques (44 %), le travail d'équipe (44 %) versus le travail

individuel (21 %) et les projets pratiques (45 %) avant les exercices

théoriques (17 %). Toutes ces pratiques sont favorisées par la réforme même si

elles existaient bien avant son implantation.

Enfin, les parents comme l'ensemble de la population énoncent clairement

qu'il faut intervenir pour les élèves en difficulté de comportement ou

d'apprentissage. Plus de 59 % des Québécois et 62 % des parents d'élèves de

l'école publique affirment être en désaccord d'intégrer tous les élèves en

difficulté dans la classe régulière. Même les parents d'élèves qui ont des

difficultés sont de cet avis à 64 %. La proportion favorable monte à 89 %,

tant pour l'ensemble de la population que pour les parents, pour la création

de classes spéciales à ratio réduit pour les élèves ayant des difficultés

sévères.

 

La Fédération autonome de l'enseignement représente quelque 27 000

enseignantes et enseignants du primaire, secondaire, de la formation

professionnelle et des adultes.