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Deux étudiantes de l’Université Laval traverseront le Canada à vélo

D’un océan à l’autre...
par Pier-Luc Dupont - Actualités

 
Renaud Philippe

Le Canada est-il toujours le «plus meilleur pays au monde»? Lorsqu’elles reviendront à Québec, après l’avoir traversé à vélo au mois d’août prochain, Andrée et Josiane ne pourront peut-être pas répondre à cette question épineuse. Mais elles confirmeront sans doute sa deuxième position en termes de superficie… Rencontre avec deux étudiantes de l’UL qui ont repris à leur compte la devise du pays et en ont profité pour apporter leur coup de pédale à la cause environnementale.

 

 

C’est le propre des grands rêves de mettre du temps à se concrétiser. Celui d’Andrée Goulet-Jobin, étudiante en études internationales et langues modernes, et Josiane Cloutier, étudiante en agronomie, n’a pas fait exception à la règle. Réunies par une passion commune pour le patinage de vitesse voilà une dizaine d’année, les deux amies caressaient en effet le projet de cette traversée depuis presque aussi longtemps. Mais ce n’est qu’au printemps dernier que l’utopie a soudainement paru à portée de main. Andrée revenait d’Espagne. Tout était possible. Un appel, trois mots et l’affaire était conclue: «On le fait.»

Pour que l’idée prenne forme, plusieurs facteurs devaient coexister. D’abord, l’accord des deux partenaires. «Je ne voulais pas partir seule pour mon premier gros voyage à vélo», affirme Andrée, ajoutant du même souffle qu’elle ne le ferait «avec personne d’autre».

8 000 km de route
Le temps constituait un autre facteur primordial. C’est une centaine de jours qui ont été prévus au total, soit la presque totalité des vacances estivales. Mais les 8 000 km estimés, mesurés notamment sur des cartes approximatives à l’aide de bouts de corde et d’une pince à épiler (et sans tenir compte de la topographie!) risquent d’enfler rapidement au-delà de la barre des cinq chiffres. En plus du retour à l’école, il faudra néanmoins composer avec l’horaire du vol qui transportera les cyclistes de Terre-Neuve à Victoria, d’où elles reviendront sur leurs pas.

Afin de limiter le budget à quelque 5 000 $ par personne, les «facilités» seront réduites au minimum: tente plantée tantôt dans un camping, tantôt sur le terrain d’un bon samaritain, matériel de cuisine pour se concocter soi-même les repas du soir. En empruntant des chemins peu touristiques, loin de la transcanadienne, les aventurières espèrent faire de belles rencontres et recevoir un accueil chaleureux.

Qu’ont-elles le plus hâte d’avoir devant les yeux? Les icebergs de Terre-Neuve, les montagnes Rocheuses, Calgary, pour son «meilleur anneau de glace au monde». «Mais notre but est d’avoir des points d’intérêt dans chaque province», dit Andrée. Et pour, disons, la Saskatchewan? «La potasse, bien sûr», blague-t-elle. «Les ranchs à l’infini», ajoute Josiane, future agronome.

Un pied devant l’autre
Bien que la découverte et l’amour du vélo constituent les premières raisons d’être du voyage, Josiane et Andrée tenaient à mettre leur expérience au service d’une «noble cause». Il a fallu du temps avant qu’elles ne dénichent le programme Un pied devant l’autre, mis sur pied conjointement par Promo-Vélo et Accès transports viables. «Au début, [les organismes à but non lucratif] croyaient qu’on venait leur quêter de l’argent. Alors que l’on voulait, en fait, amasser des fonds pour eux…», se souvient Andrée.
Un pied devant l’autre cherche à inciter les élèves du primaire à se rendre à l’école en vélo ou à pied, notamment en réduisant les risques reliés à la circulation automobile aux heures de pointe. Des mesures concrètes comme l’installation de panneaux de circulation, l’embauche de brigadiers ou la délimitation de zones piétonnières sont instaurées pour améliorer la qualité de l’air et diminuer la dépendance automobile des enfants à long terme.

Pour financer ce programme, Andrée et Josiane vendent des kilomètres. Comme dans une vraie randonnée, leurs kilomètres ne sont pas tous égaux cependant. Le «standard» vaut 1 $; le «gros vent de face», 1,75 $; et le «jour de pluie» se négocie à 2 $. L’objectif est de 8 000 $, soit 1 $ par kilomètre parcouru. En plus de l’aspect financier, Un pied devant l’autre jouira de la visibilité apportée par des entrevues à la radio et trois articles à être publiés dans le quotidien Le Soleil au cours de l’été.

Importance du cyclisme
Selon les deux jeunes femmes, qui ont intégré les transports actifs à leur vie quotidienne, il est urgent pour Québec de développer son réseau de pistes cyclables, à la fois en «raboutant» les pistes récréatives existantes et en en aménageant de nouvelles sur les grandes artères, comme le boulevard René-Lévesque. «Il est impératif que la ville se dote d’un réseau cyclable utilitaire», insiste Andrée. «Il faut donner aux gens les moyens de changer leurs comportements», continue-t-elle. Même si la flexibilité de l’automobile n’est pas facilement remplaçable, «il n’est pas nécessaire de l’utiliser systématiquement chaque fois qu’on sort de la maison», rappelle Josiane, qui déplore aussi le non-respect de la priorité aux piétons.

Ceux qui seraient intéressés à en savoir davantage pourront rencontrer Josiane et Andrée ce mercredi 22 mars, entre 9h30 et 14h30, au pavillon Charles-De Koninck où elles tiendront un kiosque dans le cadre de la Semaine de l’environnement.