La faillite de notre système scolaire

Montréal, le 14 septembre, 2008

En réponse à la question : M. Parizeau a-t-il raison de dénoncer la faillite de notre système scolaire?

 

Je suis tout à fait d’accord avec les propos de M. Parizeau.

Je suis retraitée de l’enseignement depuis deux ans et j’ai assisté impuissante à l’effondrement du système d’éducation québécois.

Rien ne sert de chercher un coupable.

Cependant, je dois dire que les coupures draconiennes sous le règne de Lucien Bouchard (au pouvoir de 96 à 2001) sont à l’origine de cette débâcle.

Ces coupures mettaient fin aux orthopédagogues au primaire, réduisaient le nombre de psychologues et autres travailleurs qui soutenaient les enseignants dans leur mission.

Mais ce fut l’intégration sauvage des jeunes en difficultés, ces dernières années, dans les classes régulières, qui a sonné le glas du système.

M. Parizeau souligne que les jeunes anglophones semblent s’en tirer mieux que leurs pendants francophones.

Ayant œuvré 36 ans dans le système anglophone, je me permets d’attribuer cette différence à quatre raisons.

1 o Le système anglophone, étant en marge du système francophone, n’a pas autant subi les assauts des fonctionnaires de l’éducation.

2 o De plus, les anglos ne s’enfargent pas dans les fleurs du tapis, côté langue et s’efforcent de garder les choses simples (KISS : Keep it simple stupid).

3 o Le sentiment d’appartenance joue également un rôle, comme le soulignait M. Dumont. Mais aussi un sens de la démocratie qui sous-entend une éducation de qualité pour tous et non seulement pour une élite privilégiée.

4 o Une plus grande scolarisation des parents anglophones serait une autre raison.

N.B. : Le vouvoiement était de mise dans les classes de français langue seconde et le prof n’était pas un ami mais bien un adulte chargé d’éduquer ces jeunes, c’est-à-dire, d’en faire des citoyens responsables.

Cette lettre contient des éléments de solutions qui impliquent, bien sûr, d’injecter des fonds :

- Offrir du soutien aux enseignants.

- Retirer les élèves en difficultés des classes régulières ou mettre un cap de 3
- élèves intégrés dans une classe. (Je suis pour l’intégration. Il y a toujours eu des
élèves intégrés dans nos classes, mais nous avions du soutien.)

- Réduire le nombre de fonctionnaires chargés de créer de nouveaux programmes.

- Ne pas exiger d’élèves moyennement doués qu’ils performent au même titre que

d’autres plus doués. En d’autres mots, cesser de niveler à tout cran.

- Redéfinir nos priorités comme société : tenons-nous à une éducation de qualité
pour tous ou non?

- Remettre en question le règne de l’enfant roi. Le traiter de cette manière ne fait qu’inhiber sa maturation.

On a réussi, sans trop de remous, la privatisation de l’éducation. Qu’est-ce qu’on pourrait privatiser d’autre?

Francine Laberge