Laïcité : les libéraux ne sont pas la hauteur

Laïcité:
Claire L'Heureux-Dubé

Louis Gagné

07-02-2014

QUÉBEC - L'ancienne juge de la Cour suprême Claire L'Heureux-Dubé reproche au Parti libéral du Québec d'avoir renié sa «grande tradition de défenseur de la laïcité».

L'ancienne magistrate a indiqué vendredi qu'elle avait du mal à comprendre la position des libéraux vis-à-vis de l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires chez les employés de l'État, puisque cette mesure s'inscrit selon elle dans la «grande lignée de la laïcité forgée par le Parti libéral».

«Je ne vois pas comment on peut renier cette grande tradition-là, a-t-elle déclaré. Étant moi-même libérale, je suis un peu déçue. J'aurais aimé quelque chose de plus positif en rapport avec toute la lignée, la grande tradition libérale pour la laïcité.»

Mme L'Heureux-Dubé était de passage vendredi devant la commission parlementaire chargée d'étudier le projet de charte des valeurs du gouvernement Marois. Elle était accompagnée du constitutionnaliste Henri Brun et de l'ex-bâtonnière du Barreau de Montréal, Julie Latour.

OPPOSÉS À L'ÉGLISE

Celle qui a siégé à la Cour suprême de 1987 à 2002 a rappelé que les gouvernements successifs du Parti libéral, dont ceux d'Adélard Godbout et de Jean Lesage, s'étaient fermement opposés à l'Église afin, notamment, de faire avancer le droit des femmes.

«Il faudrait retourner à l'histoire pour voir jusqu'à quel point le Parti libéral s'est opposé au religieux, a-t-elle dit. Dans le cas du droit de vote pour les femmes, c'est incroyable ce qu'ils ont fait si on lit ce qui s'est passé. Et ça s'est continué, cette tradition de laïcité, dans le Code civil.

Les enfants du péché, ceux qui étaient illégitimes, ils sont devenus légitimes sous le gouvernement libéral.»

APPUI À LA CHARTE

Claire L'Heureux-Dubé a offert un appui sans réserve à la charte de la laïcité. «Il y a eu un constat de fait que c'était le temps, et c'était nécessaire d'avoir une charte de la laïcité qui clarifie les problèmes qui se sont accumulés au rythme des accommodements que je dirais déraisonnables plus que raisonnables», a-t-elle commenté.

L'ancienne juge a affirmé qu'elle avait confiance dans le fait que le projet de loi 60 passe le test des tribunaux. Elle a ajouté que le gouvernement du Québec ne devait pas hésiter, si nécessaire, à recourir à la clause dérogatoire prévue par les chartes canadienne et québécoise des droits et libertés pour faire adopter son projet de loi.