Attaque d'Enquête : Pourquoi moi ?

Lise Ravary

Jeudi, 21 mai 2015

Vous vous souvenez de ce reportage d'Enquête diffusé en décembre dernier sur la non-existence d'une menace islamiste à Montréal ?

La conclusion en avait surpris plus d’un. Selon la journaliste Johanne Faucher, le  plus grand problème était «la propagande de gens qui pataugent dans l’intolérance».

Des gens comme Fatima Houda-Pépin, mon collègue et ami Richard Martineau, Marc Lebuis de Point de bascule et moi. Mon nom n’a pas été mentionné mais ma photo, en compagnie du «dangereux» Mario Dumont, est apparue à l’écran.

Par contre, je ne me souviens pas d’avoir vu l’ombre d’un Adil Charkaoui ou de l’imam Hamza Chaoui dans ce reportage.

Pas besoin de payer des billets d’avion pour la Syrie pour participer à la radicalisation des jeunes et à la montée de l'islamisme : enseigner que l’islam est supérieur à tout, que les mécréants sont des ennemis, que les kouffars (les non-musulmans) sont des sous-humains, que la charia est supérieure aux lois humaines, que le djihad est noble et nécessaire, que l’Occident vit dans le péché, c’est mettre la table pour la manipulation extrême de jeunes esprits influençables.

Job de bras

Le 8 décembre dernier, le Journal a publié ma chronique sur le reportage d’Enquête intitulée «Job de bras islamique» et un blogue, «Lexique islamique», pour démêler la terminologie du radicalisme musulman.

Plusieurs de mes collègues et confrères ont aussi exprimé leurs doutes quant aux conclusions du reportage d’Enquête. Richard Martineau n’a pas été tendre, avec raison, et a étiré l’ironie sur plusieurs jours.  

Pourtant, la seule personne qui a été prise à partie en public par la direction de l’information de Radio-Canada, c’est moi.

Tant qu’à tirer sur quelqu’un, Radio-Canada a jugé qu’il était judicieux de s’en prendre à la seule femme dans le lot des commentateurs et des chroniqueurs qui ont critiqué le reportage d’Enquête.

Une lettre assassine

Le 17 décembre, Jean Pelletier, premier directeur de l’information télévision à Radio-Canada m’a fait parvenir une lettre de trois (!) pages à simple interligne, lettre qui s’est aussi retrouvée sur le site de Radio-Canada et que vous pouvez lire ici.

Notez ce paragraphe : «Vous croyez en une menace sournoise, organisée, dont ses apôtres «pénètrent les services de police au Canada» comme le prétend de docte façon M. Lebuis et son Point de bascule dans notre reportage sans toutefois avancer l’ombre d’un soupçon de preuves».

Si vous n’avez pas vu le reportage, la journaliste fait toute une «job de bras» à Marc Lebuis, qui enquête sur l’islamisme au Canada et que la majorité des journalistes que je connais estiment crédible – il ne m’a jamais refilé une information qui s’est avérée fausse -  quand elle lui demande de donner des exemples de pénétration islamiste de services de police au Québec.

Il a répondu qu’il n’avait pas encore toutes les preuves en main pour parler de l’infiltration de certains services de police au Québec par des islamistes mais que son enquête avançait.

Ce qui ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas de cas documentés au Canada.

Un conseiller douteux

Fin avril, Michel Jean de TVA Nouvelles a révélé qu’un conseiller du gouvernement fédéral pour les questions touchant la communauté musulmane et le terrorisme, un avocat d’Hamilton du nom de Hussein Hamdani avait été suspendu par le ministère de la Sécurité publique en attendant le résultat d’une enquête. Hamdani siégeait depuis 2005 sur la Table ronde transculturelle sur la sécurité qui conseille Ottawa.

Or, Marc Lebuis surveille cet individu depuis des années.

TVA a aussi révélé que ce Hussein Hamdani avait déjà lancé un appel à «islamiser la politique étudiante sur les campus», exposé ses liens avec des financiers du terrorisme et ses opinions sur la moralité qui feraient frémir plusieurs Canadiens.

La feuille de route du personnage laisse pantois : lien avec l'infrastructure des Frères musulmans, avoir ignoré la manipulation de documents officiels, liens étroits avec des collecteurs de fonds pour des organismes terroristes, organisation d’événements publics servant de couverture à des rencontres de terroristes, selon le Bureau américain des Douanes et de la protection des frontières, et j’en passe.

«L'oeuvre» s'échelonne sur une période de 20 ans.

Dans une présentation faite par Hamdani à l’ancien ministre de la Sécurité publique Vic Toews en 2012, il demandait au gouvernement de ne plus utiliser le mot islamisme et de ne plus lier religion et extrémisme violent.

Dans les mots du ministre

«L'appartenance de cet individu à la table ronde transculturelle sur la sécurité nationale a été suspendu immédiatement en attendant le résultat de l'enquête. Bien que des questions autour des liens de cet individu avec l'islamisme radical ont circulé depuis quelques temps, il était escompté qu'il pourrait avoir une influence positive dans la promotion des valeurs canadiennes au sein de la communauté musulmane. Il est maintenant clair que cela n'a peut-être pas été le cas».

Ce sont les mots choisis par le porte-parole du ministre Stephen Blaney pour annoncer la suspension de Hamdani.

Notez que le gouvernement savait que des rumeurs circulaient à son sujet depuis longtemps, sans agir. Étrange...

Arrogance et mépris

Dans ma chronique «Job de bras islamique», j'ai écrit que Marc Lebuis et Point de bascule n’avaient jamais été poursuivis pour diffamation. Jean Pelletier m’a répondu que ce n’est pas un gage d’honneur et de crédibilité : «Le journal des bérêts blancs non plus».

Quel commentaire stupide de la part d'un grand patron de l'information de la société d'État ! Quelle condescendance ! Et de mon point de vue, quel sexisme.

ISLAM 101