Non à la gratuité - Non à la désobéissance


Pauline Marois ferme la porte à la gratuité scolaire

Robert Dutrisac 
27 août 2012  Politique / Élections 2012 

Sorel — Même si elle s’est engagée à tenir un sommet sur l’éducation supérieure où toutes les options seraient discutées, Pauline Marois a déjà fait son nid: il n’est pas question pour elle d’instaurer la gratuité à l’université.

«Je ne peux pas dire à la population du Québec que c’est possible d’avoir la gratuité», a répondu Pauline Marois en anglais à un journaliste qui l’interrogeait sur l’opportunité d’étendre la gratuité scolaire aux études universitaires. «Ce que je dis à la personne qui veut voter pour Québec solidaire, c’est que ce n’est pas possible parce que si vous faites ça, nous ne ferons rien d’autre et nous devons respecter tous les autres membres de la population, tous les citoyens», a-t-elle dit dans un point de presse au cégep Sorel-Tracy.
 
En mai dernier, en promettant de tenir un sommet sur l’éducation supérieure si elle prenait le pouvoir, Pauline Marois avait affirmé que la position que défendra le gouvernement lors de ce sommet, c’était l’indexation des droits de scolarité une fois annulée la hausse décrétée par le gouvernement Charest. Mais elle ajoutait que toutes les propositions des étudiants, y compris la gratuité scolaire, seraient considérées. Aucun sujet n’était «tabou», avait-elle dit. 
Réagissant au fait que plusieurs professeurs de l’UQAM hésitent à donner leurs cours compte tenu des votes de grève, Pauline Marois a dit comprendre leur «malaise». Mais elle a insisté sur l’importance de respecter la loi. «Je n’ai qu’une chose à dire comme élue et comme citoyenne qui respecte les lois: on doit respecter les lois, aussi ignobles soient-elle.»

La chef a répété son engagement d’abolir la loi 12 (le projet de loi 78). Elle estime que la crise étudiante n’est pas résolue même si les étudiants des cégeps qui étaient en grève au printemps ont repris leur cours dans le calme. «C’est le feu qui dort sous la cendre», a-t-elle dit. Pauline Marois croit pouvoir régler la crise par «la concertation, le dialogue», ce qui «a toujours été l’approche du Parti québécois».
«Pour mettre ça en place, il nous faut une majorité à l’Assemblée nationale», a-t-elle prévenu. «On ne peut courir le risque de voir une majorité libéralo-caquiste garder le contrôle.»
Pauline Marois a évoqué les difficultés éprouvées par le gouvernement minoritaire de Jean Charest en 2007. «Vous savez bien quelle lutte il y a eu à l’Assemblée nationale [en juin 2007]», a-t-elle rappelé. «J’ai déjà vu un jour — je le connais pas mal — un François Legault, après un mois et demi de gouvernement minoritaire, vouloir le renverser en faisant une certaine forme de chantage.» 
«Un gouvernement minoritaire pourrait se heurter à cette coalition de gens qui nous empêcherait d’appliquer des politiques audacieuses et progressistes», a-t-elle souligné. 
La seule façon pour les étudiants de régler la crise, selon elle, c’est de voter pour le PQ. «La façon de solutionner la hausse démesurée des frais de scolarité et d’abolir la loi 78, qui est maintenant la loi 12, c’est d’aller voter le 4 septembre», a-t-elle plaidé.