Mon opinion concernant les accommodements raisonnables

Monique Doré Fortier

Article mis en ligne le 2 mars 2007 à 10:51

Ce que j’entends dans les médias et dans la population sur le sujet d’accommodements des religions minoritaires et particulièrement les fondamentalistes de l’immigration récente, m’incommode, m’irrite et me dérange parce que je crois que toute ces discussions tentent vers une forme de racisme qui étouffe les raisons fondamentales qui nous font peur. Je suis une grand-mère d’une soixantaine d’années, ayant un mari, deux enfants et trois petits-enfants, j’ai l’obligation de me faire entendre par respect pour les femmes qui m’ont précédée et surtout pour celles qui me succèderont.

Ma mère dans son jeune âge, ne pouvait pas entrer dans une église sans avoir un voile ou un chapeau sur la tête. A cette époque, c’était aussi un péché mortel de manger de la viande le vendredi et une femme pouvait être chassée de l’église si après quatre enfants, elle ne voulait plus en avoir d’autres, sans oublier la permission du mari pour subir l’hystérectomie et de plus, à la suite d’un divorce, il y avait excommunication de Rome.

Les femmes ont obtenu le droit de vote et ne seront considérées comme des citoyennes à part entière dans la société qu’au tout début des années quarante, après de chaudes luttes, grâce aux générations de ma grand-mère et de ma mère. Elles ont milité aussi pour que nous ayons accès aux premiers moyens de contraception. Elles ont défié une Église catholique qui avait sur les femmes tous les droits et qui maintenait celles-ci dans un état presque d’esclavage. L’Église monopolisait avec l’aide des communautés religieuses, l’enseignement et les œuvres charitables à partir de la moitié du dix-neuvième siècle jusqu'à la moitié du vingtième. Au nom de notre authenticité canadienne-française, elle rejette toute modification à la condition féminine.

La femme est le cœur, l’âme de la famille, c’est elle avec ses maternités qui assure la revanche des berceaux. Elle est la gardienne de la langue, de la race, de la foi. À la toute fin de l’an mil-huit-cent, une loi canadienne était promulguée interdisant de diffuser des renseignements sur la régulation des naissances et de vendre des produits contraceptifs. Dans les années 1950, le clergé et les politiciens se sont dressés en protecteurs de la famille en laissant entendre que les femmes mariées au travail mettaient en péril les générations futures, leur santé et leur moralité, favorisant la délinquance juvénile en s’éloignant du foyer.

Il a fallu plus de 50 ans d’efforts collectifs pour nous libérer de l’emprise de l’Église et de la religion sur nos vies. Soixante ans pour obtenir l’équité salariale et ce n’est pas encore fini. Nous savons que rien n’est acquis dans la vie et qu’il faut redoubler nos efforts pour ne pas perdre le résultat de tous ces labeurs.

Je ne suis pas raciste, cependant lorsque je vois d’autres ethnies, imprégnées exagérément par leur religion, vouloir s’imposer dans notre société au moyen de notre charte des droits où est contenu toute liberté de religion de conscience, le droit de choisir, j’ai parfois l’impression qu’ils ont appris par cœur un discours revendicateur avant de mettre le pied sur leur terre d’accueil; les mots: revendication, contestation et arrogance étant devenus un mode de vie pour certains.

Je crois qu’une piste de solutions serait de modifier le libellé de la charte, en ajoutant après les mots «liberté de religion»: «limitée à la sphère privée». Ces hommes et ces femmes ne savent certainement pas quel chemin nous avons parcouru. De plus, les jeunes et moins jeunes québécoises qui embrassent cette religion qui voile les femmes, ne se souviennent pas. C’est donc par ignorance qu’on explique leur choix, elles acceptent de retourner 100 ans en arrière, très brillantes, n’est-ce pas?

Aucun animal dans la nature à part l’homme, ne recouvre sa femelle par-dessus la tête. Le voile, hijab, chador, niqab, burqa, kippa et le couteau tel le kirpan ou autres symboles similaires n’ont pas leur place dans un CPE, dans nos écoles, hôpitaux, édifices gouvernementaux, institutions en général. Il en est de même pour les revendications d’aires spéciales de prières pour les étudiants, des congés spéciaux ou supplémentaires pour certains professeurs d’une religion spécifique dans nos institutions d’enseignement subventionnées à même nos taxes, de fenêtres givrées pour ne pas inciter au péché, de policiers et médecins obligatoirement masculins ou féminins selon l’appartenance religieuse, d’une piscine à clientèle masculine ou féminine selon la croyance religieuse.

Devrons-nous purifier davantage l’eau après chaque baignade? Mais dans quel monde vivons-nous? Quand allons-nous affirmer nos valeurs, notre principe d’égalité entre les hommes et les femmes, notre maturité comme peuple, nos choix sociaux, notre laïcité dans les lieux publics etc.? Quand allons-nous exiger de nos politiciens qu’ils se tiennent debout et qu’ils indiquent le plus clairement possible aux nouveaux arrivants et certains autres «ghettoïsés» volontaires installés ici depuis plus de cent ans, ce que sont nos valeurs et nos coutumes, que nous sommes leur terre d’accueil, qu’ils devront s’intégrer à nous et non l’inverse comme certains le laissent voir par leurs demandes d’accommodements plus que déraisonnables?

Bref, c’est un manque de respect pour les générations précédentes qui ont travaillé si fort pour se retirer de l’emprise de la religion sur nos vies civiques, ce qui ne veut pas dire que la religion n’a pas une certaine importance dans nos vies intérieures; oui, «liberté de religion» mais «limitée à la sphère privée».

La charte des droits et libertés permet à chacun de pratiquer la religion de son choix mais de grâce, que cette religion demeure dans la famille. Le port du voile dans la religion musulmane est pour nous la démonstration la plus évidente de la soumission de la femme et c’est pour cela qu’il nous fait peur et qu’il nous choque. Nous, les Québécois et Québécoises, nous sommes battus pour que notre société soit laïque, pour obtenir le droit de parole entre les hommes et les femmes autant que pour l’égalité des chances au travail. Si vous avez immigré au Canada et au Québec, c’est pour faire partie d’une société ouverte qui vous donne sur un plateau d’argent tous les acquis que les générations précédentes ont obtenues particulièrement au chapitre des droits des femmes.

L’intégration à une société commence par le respect des traditions et des coutumes de cette société d’accueil. Les organismes d’accueil aux immigrants ont la responsabilité de faire connaître aux immigrants qui, en passant, «sont grandement bienvenus chez-nous», nos traditions et coutumes afin que ces nouveaux arrivants ne pensent pas que nous sommes racistes (être raciste veut dire: se croire supérieur à une autre race et/ou avoir une attitude d’hostilité à l’égard d’une catégorie déterminé de personnes) et qu’ils sachent ceci: il n’est pas question d’imposer à nos enfants d’avoir à reprendre les mêmes débats du siècle dernier.

Monique Doré Fortier, Québec