Pas d'école dans ma cour

La Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) souhaite construire une... (PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE)
La Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) souhaite
construire une deuxième école primaire à l'Île-des-Soeurs,
car la première déborde, accueillant plus de 1000 élèves.

Pascale Breton
La Presse

La saga entourant la construction d'une deuxième école primaire à L'Île-des-Soeurs est l'illustration absurde du chemin parsemé d'embûches qui jalonne la construction d'une nouvelle école.

Quand ce ne sont pas les municipalités qui hésitent à céder un terrain aux commissions scolaires - parce que disons-le, une école est moins rentable que des condos - , ce sont les citoyens qui s'opposent à la construction.

Une école devrait pourtant être considérée comme le coeur d'un quartier.

La Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) souhaite construire une deuxième école primaire à L'Île-des-Soeurs, car la première déborde, accueillant plus de 1000 élèves. C'est un non-sens pour une école primaire.

Un terrain a été identifié sur une portion d'un parc, mais l'opposition de citoyens a forcé l'administration municipale à reculer. L'école sera finalement érigée sur un terrain en forme de triangle, adjacent au parc. Quatre ans après le début du projet, le permis de construction est sur le point d'être autorisé, mais une menace d'injonction plane. Des citoyens estiment que la garantie donnée par la CSMB, qui s'engage à ne jamais demander d'agrandissement qui toucherait le parc, n'est pas suffisante.

C'est un cas extrême, mais pas unique. Avec le mini boom démographique, de plus en plus de municipalités reçoivent des demandes pour la construction de nouvelles écoles. Dans les grands centres, la rareté des terrains, combinée à la montée fulgurante des prix et une mauvaise planification du développement des nouveaux quartiers, complique la situation.

Le ministère de l'Éducation considère que les municipalités ont la responsabilité de fournir un terrain aux commissions scolaires. Ce n'est pas aussi évident.

Au mieux, les commissions scolaires sont impliquées dès le début auprès des municipalités dans la planification des futurs quartiers. La construction d'une école sera réfléchie en fonction de son accessibilité, de son espace et du bien-être des élèves.

Mais trop souvent, les commissions scolaires sont réduites au rôle de quémandeuses. Aucun terrain n'a été prévu. Il leur faut prouver le besoin d'une école supplémentaire, d'abord au ministère afin d'obtenir l'argent pour la construction, bien sûr, puis aux municipalités, pour obtenir un terrain.

Les commissions scolaires doivent aussi faire valoir l'importance d'une école à distance de marche et près des transports en commun. Elles doivent démontrer les avantages pour les citoyens qui profiteront de ses installations. Elles doivent se plier à des modifications pour plaire à tous.

Oui, les écoles doivent s'intégrer harmonieusement dans un quartier, mais les embûches sont trop nombreuses.

Il faut cesser de voir les écoles comme une nuisance parce que les enfants sont bruyants, parce que ça génère plus de circulation aux abords des établissements, parce qu'un espace vert sera réduit, parce que c'est moins payant que des condos.

Pour faire de l'éducation une réelle priorité, il faut d'abord des écoles.

Trop souvent, les commissions scolaires sont réduites au rôle de quémandeuses. Aucun terrain n'a été prévu. Il leur faut prouver le besoin d'une école supplémentaire.