Voile islamiste : pudeur ou prison ambulante?

Publié le 27 octobre 2012

Mustapha Amarouche
 

MUSTAPHA AMAROUCHE

En sus de le légitimer par des textes coraniques dont les interprétations divergent grandement, les défendeurs du voile islamique disent qu'il assure la pudeur de la femme. La pudeur, selon Larousse, est la disposition à éprouver de la gêne devant ce qui peut blesser la décence, devant l'évocation des choses sexuelles.

Étendre le vêtement aux cheveux, au cou, aux bras, et même au visage témoigne d'une vision extrémiste qui sexualise la femme à outrance. Dans cette optique, toute la femme, âme et corps, est niée pour être réduite à l'état d'objet sexué. L'islamisme a une vision pornographique de la femme, car il l'ampute de sa dimension humaine, citoyenne, d'être social pensant et agissant. La femme devient un champ de labour copulatoire qui se doit d'être disponible à tout moment au seul plaisir du mâle. Et le hidjab, censé cacher cette honte, est en même temps un acte de propriété qui aliène totalement un être humain à un autre sur la base de l'apartheid sexué. Le soubassement idéologique du voile, à contrecourant de l'Histoire, réduit à néant les siècles de lutte féminine ayant pour but justement de la tirer de cette condition d'être inférieur, de sexe reproducteur.

Quelle pudeur y a-t-il à considérer un être humain comme un sexe des pieds à la tête, de l'obliger à afficher cette honte d'être, ce reniement de soi? Où est la pudeur dans cet ostracisme social qui s'accompagne de sa mise à l'écart de tous les lieux ou s'exercent la convivialité et la civilisation? Le hidjab n'est que l'élément d'un tout qui s'appelle islamisme intégriste qui se décline par l'infériorisation de la femme, le racisme déclaré ou larvé, l'antisémitisme, l'inculture, le rejet de toute différence, une idée de supériorité et de peuple élu couplée à la volonté affichée de dominer le monde.

Le voile islamique se banalise. Quand un mal se généralise, on finit par s'habituer, à le considérer comme un mal naturel, presque inoffensif, comme, de nos jours, le diabète ou un taux élevé de cholestérol. Pourtant, le voile islamique est le déni social du siècle, après l'esclavage et l'apartheid. Son expansion est le signe que le travail de conditionnement mental islamiste est efficace. Tant de forces négatives sont mobilisées pour sa promotion: les imams salafistes dans les mosquées, les intégristes qui crachent au passage des femmes, les parents qui croient bien faire, les frères au faux honneur sourcilleux, les voyous de quartiers qui disent des grossièretés aux filles, les faux dévots qui quittent le trottoir quand une belle femme vient en face, ceux qui refusent de monter dans un taxi où une femme a pris place, les innombrables sites internet, les universités islamistes, les obscurs docteurs de la foi, les apprentis sorciers politiques, les journaux islamistes, les manuels scolaires, les États qui l'imposent... Ces combattants exploitent toutes les faiblesses. À une femme sans enfants, on dira que sitôt le hidjab mis, Allah la récompensera. À celles qui hésitent, on prodigue des conseils incessants, on mobilise les frères, les amies. La menace physique n'est jamais loin. Dans les années 90, des femmes ont été assassinées en Algérie par les fous d'Allah, d'autres ont été défigurées au vitriol. Et toujours, en filigrane, on rappelle le châtiment d'Allah, la géhenne qui terrorise chaque croyant tout au long de sa vie.

Il n'y a pas de secret dans l'expansion du voile. Ses promoteurs sont convaincus et jouent seuls en usant systématiquement du mensonge, de la ruse, du terrorisme physique et spirituel.

En face, l'angélisme bien pensant de gauche et les effluves de pétrole brouillent encore la vue.