arabes

Régimes arabes autoritaires

Monde arabe : qui bouge ? qui reste calme ?

Par Fabrice Aubert le 14 février 2011

Décodage :
La Tunisie en janvier, l'Egypte en février. À qui le tour ou pas ?
C'est la question qui se pose maintenant pour les autres pays arabes au régime autoritaire,
qu'ils s'agissent de monarchies ou de "républiques".
Le point avec TF1 News.

Les régimes qui prennent les devants politiques

JORDANIE
Type de régime : monarchie constitutionnelle parlementaire. 
Roi : Abdallah II, au pouvoir depuis 1999, après avoir succédé à son père
Contestation : immolations, manifestations
Position géo-stratégique : pays allié des Etats-Unis

Les manifestations, plutôt axées sur les revendications sociales et le coût de la vie,  ont commencé courant janvier, dans la foulée de la contestation tunisienne. Abdallah II a pris les devants face à ses protestataires en changeant le gouvernement début février. Le nouveau Premier ministre  a rencontré  les partis d'opposition tolérés, les syndicats et les islamistes. Mais ces derniers ne sont pas satisfaits et exigent des réformes en profondeur.  Les défilés, rassemblant généralement entre 2.000 et 3.000 personnes, se poursuivent de manière régulière à Amman, la capitale. Mais pour l'instant, leur cible reste le  gouvernement, pas le roi.


YEMEN
Type de régime : république
Président : Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis 1978
Contestation : immolations, manifestations
Position géo-stratégique : pays allié des Etats-Unis

Au pouvoir depuis 1978 dans une république qui n'en porte que le nom, Ali Abdullah Saleh a aussi pris les devants après les premières manifestations de la mi-janvier, dans plusieurs endroits du pays. Il a ainsi annoncé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat (le sien arrive à expiration en 2013) et le report des élections législatives prévues pour le 27 avril, dont la tenue était contestée par l'opposition. Celle-ci a ensuite stoppé sa participation au mouvement de protestation et des discussions sont en cours pour trouver un compromis. Ce sont donc essentiellement des étudiants et des membres de la société civile qui poursuivent le mouvement. Les heurts avec la police sont souvent violents.
 
ALGERIE
Type de régime : république
Président : Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999
Contestation : immolations, manifestations
Position géo-stratégique : pays allié aux Occidentaux dans la lutte contre l'islamisme

Depuis plusieurs années, le pays est victime d'émeutes sporadiques contre les conditions de vie. Le week-end des 7-8 janvier, alors que la Tunisie se révoltait et avant même la chute de Zine Ebedine Ben Ali, de nouvelles émeutes sociales, contre la vie chère, avec en première ligne la jeunesse du pays, ont fait cinq morts. La contestation a ensuite faibli.
A l'instar de plusieurs d'autres dirigeants arabes, Abdelaziz Bouteflika, qui craint une exploitation par les islamistes, a pris les devants en annonçant notamment la levée imminente de l'état d'urgence, instauré en 1992, et l'ouverture du champ audiovisuel aux différentes sensibilités politiques.
Cela n'a pas empêché l'organisation, samedi 12 février, d'une grande marche organisée à l'appel de la coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNDC). Elle a attiré environ 2.000 personnes à Alger, malgré l'interdiction. La répression a été brutale, comme en province. Une nouvelle marche est annoncée pour le  samedi 19.

 


Les pays où le régime attend la suite


SYRIE
Type de régime : république
Président : Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 2000 après avoir succédé à son père
Contestation : quelques tentatives de manifestations
Position géo-stratégique : pays opposé aux Etats-Unis

Un appel à manifester contre la "monocratie, la corruption et la tyrannie", lancé via Facebook, n'a pas fonctionné le 4 février. La police semble il est vrai prête à réprimer toute manifestation et à couper Facebook si besoin. Des personnalités de la société civile, comme l'opposant Michel Kilo ou le cinéaste Omar Amiralay, ont affirmé dans un communiqué, le premier du genre depuis 2006, que le peuple syrien aspirait lui aussi "à la justice, à la liberté".
Seule "ouverture"  : Bachar al-Assad affirme vouloir "poursuivre le changement au niveau de l'Etat et des institutions", sans préciser de quoi il s'agit. Malgré la forte prédominance des services de sécurité, les experts estiment que Bachar el-Assad n'est pas à l'abri d'une révolte sociale en raison des conditions de vie difficiles.
 
 
MAROC
Type de régime : monarchie constitutionnelle
Roi : Mohammed VI, au pouvoir depuis 1999, après avoir succédé  à son père
Contestation : plusieurs immolations, dont au moins un mort, appel à manifester
Position géo-stratégique : pays allié aux Occidentaux

Plusieurs immolations ont eu lieu depuis mi-janvier. Mais aucune manifestation notable n'a été signalée, à l'exception de défilés de soutien, finalement interdits, aux protestataires tunisiens puis égyptiens. De jeunes Marocains ont cependant lancé sur Facebook un appel à des manifestations pacifiques le 20 février pour une "large réforme politique". Et un débat s'amplifie sur le web sur l'opportunité ou non de changements. Le mouvement islamiste Justice et bienfaisance, considéré comme l'un des plus importants du Maroc, demande également un "changement démocratique urgent" et à "l'établissement de mécanismes mettant fin à l'autocratie". 
 
Malgré l'attachement des Marocains à la royauté et à Mohammed VI, apprécié, les observateurs estiment que le pays est pour l'instant l'un des plus sujets à une révolte en raison des difficultés sociales et des disparités économiques. Les médias espagnols affirment même que des troupes affectées dans le Sahara occidental ont été redéployées pour parer à d'éventuelles manifestations dans des villes marocaines. Information vivement démentie.
Seule indice notable que le gouvernement prend néanmoins la situation au sérieux : il a annoncé le maintien de subventions sur les produits de base comme la farine, le sucre, l'huile et le gaz butane afin d'éviter que leurs prix ne flambent.

SOUDAN
Type de régime : république
Président : Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989
Contestation : manifestations
Position géo-stratégique : pays opposé aux Etats-Unis
 
Le gouvernement de Khartoum  a réprimé les manifestations sporadiques, sur fond de tensions politiques et économiques, appelant au changement ces dernières semaines.  
 
 
Les régimes qui prennent les devants sociaux

BAHREIN
Type de régime : monarchie
Roi : Hamad bin Isa Al Khalifa, au pouvoir depuis 2002
Contestation : petites manifestations
Position géo-stratégique : pays allié des Etats-Unis

Le gouvernement a pris des mesures pour soutenir le prix des denrées alimentaires, aider les familles nécessiteuses et renforcer la couverture sociale dans cette monarchie la moins nantie du Golfe. Quelques manifestations, organisées via Internet, ont eu lieu le 14 février.
 
MAURITANIE
Type de régime : république
Président : Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis 2009
Contestations : petites manifestations
Position géo-stratégique : pays allié aux Occidentaux dans la lutte contre l'islamisme
 
Les autorités ont annoncé une baisse de 30% des prix de produits de première nécessité.
 

LIBYE
Type de régime : république
Président : Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969.
Contestation : appels à manifester
Position géo-stratégique : pays opposé aux Etats-Unis

Bordée au nord-ouest par la Tunisie, à l'Est par l'Egypte, à l'Ouest par l'Algérie, la Libye  a pris des mesures préventives en rétablissant des subventions sur des biens de première nécessité et en facilitant l'accès de la population à des crédits sans garantie et sans intérêts.
Des appels à manifester contre la corruption et le népotisme ont néanmoins été lancés sur Facebook pour le 17 février.
A noter que Mouammar Kadhafi a officiellement soutenu la révolte tunisienne, en expliquant que Ben Ali était inféodé aux Occidentaux.
 

Les régimes où il ne se passe quasiment rien
 
ETATS DU GOLFE
Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Emirats arabes Unis, Oman : quasiment aucune contestation  dans ces monarchies ou sultanats, en dehors de quelques critiques sur Internet et d'une manifestation mineure à Oman le 17 janvier. 
 


L'Iran touché ?

Sans être arabe, l'Iran occupe une place importante dans le monde arabo-musulman. Ironie de l'histoire : Mahmoud Ahmadinejad, président contesté, a salué les chutes de Zine Edebine Ben Ali et d'Hosni Moubarak. Mais lundi 14 février, ses opposants sont redescendus dans la rue, pour la première fois depuis plus d'un an. "Mort au dictateur", ont-ils lancé, avant d'être violemment dispersés par la police.

La peur a changé de camp

Le G8 propose 40 milliards de dollars pour le "printemps arabe"

Reed Brody (1953 - ) est un avocat américain, spécialisé dans la défense des victimes des régimes dictatoriaux.
Surnommé « le chasseur de dictateurs », il est conseiller juridique et porte-parole de l'organisation Human Rights Watch.
Il travaille actuellement aux côtés des victimes de Hissène Habré dans leur lutte contre l'impunité.

DICTATEURS ARABES
La Révolution de Jasmin a signé leur fin
www.lexpressiondz.com

www.memri.org

Retour