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Des mots qui dérangent

 

Pierre Vigneault 
Publié le 8 Novembre 2011

Je n'arriverai jamais à m'habituer aux critiques qui portent atteinte à la réputation des gens. Je devrai néanmoins continuer à les endurer, car cette pratique semble devenir la norme, à tous les niveaux de notre société.

Au nom du droit à la libre expression, on permet aux gens de porter publiquement des accusations fausses et calomnieuses qui finissent par devenir, à force d'être propagées, la «croyance populaire». Les mensonges, les demi-vérités, sont largement exploités par certains observateurs. Et comme j'ai toujours cherché à rectifier les informations qui m'apparaissent inexactes ou exagérées, je suis souvent, à mon tour, pris à partie.

Il est vrai que je suis l'un des rares journalistes de notre groupe de presse qui, en plus de préparer des articles et des reportages, exprime ses commentaires sur des sujets d'actualité. Aux yeux de certaines personnes, le travail de journaliste est incompatible avec celui d'éditorialiste; celui qui diffuse de l'information ne devrait pas, selon elles, avoir une opinion et, encore moins, avoir le droit de l'exprimer.

Je pense que cette perception ne s'appuie pas sur la réalité. Tout d'abord, je crois que tous les journalistes sont influencés dans la préparation de leurs textes, par leurs opinions, leurs convictions. Le journaliste n'est pas un magnétophone, un caméscope; il doit associer des mots, composer des phrases, pour transmettre SA perception des événements qu'il rapporte au public.

D'ailleurs, dans plusieurs journaux, c'est souvent la même personne qui occupe plusieurs fonctions. J'ai moi-même travaillé dans un hebdo où nous n'étions que deux personnes pour tout faire : la rédaction, les photos, la mise en page, la production, la distribution, les ventes, etc. Cela n'a pas empêché ce journal de se tailler une réputation des plus enviables dans le milieu de la presse hebdomadaire.

Tant que j'exercerai ce métier, je le ferai en respectant des règles strictes. Pour moi, la vérité est un critère essentiel et je m'élèverai toujours contre ceux qui cherchent à la déformer. Je ne prétends pas être infaillible, mais je ne négligerai jamais aucun effort pour tenter d'obtenir de l'information juste et complète sur les sujets qui intéressent les lecteurs.

On ne me convaincra jamais qu'au nom de la liberté de presse, on a le droit de détruire, sans preuves, des réputations. Quelles que soient leurs postes ou leurs fonctions, dans la société, les gens dont on parle dans les médias sont des êtres humains. Ils ont des obligations, des devoirs et il faut parfois les leur rappeler, mais ils ont aussi des droits et, en tête de liste de ceux-ci, il y aura toujours pour moi, le respect.