MONTRÉAL

Des grenades de semences

EMMANUEL DELACOUR / AGENCE QMI

Publié le: jeudi 08 août 2013

luc poudrier adeline lamarre
Luc Poudrier et Adeline Lamarre

Planter des fleurs est désormais tout aussi contestataire que d’apposer un graffiti anarchiste. Les grenades de semences, des boulettes d’argiles et de graines de fleurs servent d’outil de réappropriation des terrains vagues à certains citoyens.

Luc Poudrier et Adeline Lamarre sont propriétaires de la galerie Le repaire de 100 talents sur la rue Saint-Hubert. Se disant empreints d’une forte conscience écologique, qu’ils démontrent au travers de leurs expositions, ceux-ci confectionnent depuis trois ans ces bombes de semences qu’ils vendent au printemps.

«Ma mère voulait planter des tournesols un peu partout dans Montréal, a expliqué M. Poudrier. Après son décès, j’ai voulu lui rendre hommage en semant des fleurs dans la ville. Il y a quatre ans, j’ai appris à faire ces grenades avec quelques amis, et depuis nous expérimentons avec les recettes.»

Ce dernier a comparé l’acte de lancer ces boulettes composées d’argile, d’engrais et de semences sur les terrains vagues, parfois inaccessibles, à un graffiti urbain.

«J’aime bien l’artiste Banksy, et je trouve particulièrement inspirant son œuvre sur pochoir Flower Thrower où l’on voit un jeune homme lancer ce qui devrait être un cocktail Molotov, qui est remplacé par un bouquet de fleurs», a dit M. Poudrier.

Contrairement aux graffitis, le propriétaire de la galerie soutient que les gens sont bien moins récalcitrants à l’idée de ce type de vandalisme. «Quand c’est beau, les gens ne se plaignent pas, a-t-il assuré. La plupart des policiers ne vont même pas nous arrêter, parce qu’ils n’y voient aucun dommage à la propriété.»

Trouver la recette parfaite

Depuis leurs premières tentatives, M. Poudrier et Mme Lamarre perfectionnent toujours leur recette.

«Il existe plusieurs dosages qui sont disponibles sur internet, a précisé M. Poudrier. En gros, c’est une tasse de semences, une tasse d’engrais et de l’argile pour lier le tout. C’est quand même assez coûteux, parce que les semences se vendent en petite quantité. Une tasse de graines c’est onéreux.»

Les graffiteurs horticoles ont d’ailleurs choisi les fleurs sauvages comme espèces de prédilection pour leurs grenades. «Les plantes qui donnent des graines, comme le lin et l’amarante font du bien à la ville, parce qu’elles nourrissent les oiseaux. On fait ainsi d’une pierre, deux coups», a conclu M. Poudrier.